Le glamour : machine à vendre du rêve

La plupart des gens aiment rêver, et son attirés par ce qui est « glamour » : médias, métiers de la communication, acteur, joueur de basketball, droit, finance, journalisme… New York, Londres ou Shanghaï… En effet, c’est plus excitant de s’imaginer avocat à New York que plombier à Saint Etienne… Mais cela vous rendra-t-il plus heureux ?

Le glamour vend du rêve. Rare sont les élus qui parviennent au sommet

Le glamour est quelque chose qui vend du rêve, mais peu de gens parviennent au sommet. Chacun voulant avoir un statut social avantageux, et s’imaginant plus intelligent que la moyenne – ce qui est impossible statistiquement parlant – les gens s’engouffrent dans les études « glamour » pour au final se retrouver au chômage… ou pire endetté.

Ainsi, comme l’explique le New York Times dans cet article « Is Law School a Losing Game ? », le métier de « lawyer » est très valorisé aux USA : socialement, et financièrement (160 000 dollars par an). Avec la crise économique, de nombreux étudiants s’engouffrent dans ces écoles. A raison de 30 000 à 40 000 dollars par an, les écoles de droit sont incitées à faire du remplissage : mettre 25 personnes de plus dans une salle de cours ne coûte rien – pas de matériel, pas de profs supplémentaires – et rapporte 1 million de dollars supplémentaires à la law school.

Certaines law schools aux USA manipulent les chiffres pour attirer plus d’étudiants. Par exemple :

– Comptabiliser les serveurs dans les cafés dans le taux d’emploi à la sortie (serveur, c’est bien un métier) pour diminuer le taux de chômage des diplômés. Mais du coup, que signifie le pourcentage d’emploi des diplômés ?

– Embaucher les anciens étudiants 5 mois après leur sortie pour un CDD de 3 mois à 20$ de l’heure, histoire d’augmenter le salaire moyen et le taux d’emplois 6 mois après la sortie

– Indiquer le salaire moyen des gens après 10 ans d’expérience : le salaire est plus élevé, et les diplômés d’il y a 10 ans bénéficiaient de meilleurs conditions que ceux d’aujourd’hui

– Calculer la moyenne des salaires parmi les répondants. Or, quelqu’un gagnant bien sa vie a plus de chance de répondre que quelqu’un gagnant mal sa vie. Entre outre, une moyenne ne signifie rien. En moyenne, un groupe composé de 999 clochards et de Bill Gates est millionnaire.

Bilan : d’anciens diplômés se retrouvent avec 200 000 dollars de dette et, faute d’emploi, ne peuvent rembourser leurs dettes (et ne le font pas puisqu’ironiquement, ils connaissent toutes les ficelles des lois pour ne pas rembourser leurs emprunts).

Comment truquer les chiffres ?

Certaines ESC ou écoles d’ingénieurs adorent truquer les chiffres, sans que cela soit répréhensible.

Ainsi, si 10 types gagnent 1500€/mois (dont 5 répondent seulement), 3 types gagnent 2000€/mois (3 répondent), et 2, dans la finance, gagnent 7500€/mois (les 2 répondent bien sûr) alors :

– La médiane est de 1500€/mois

– La moyenne réelle est de 2400€/mois

– La moyenne sur la plaquette de l’école sera de 2850€/mois. CQFD.

Un métier glamour

Vous avez envie d’être journaliste ? Pourquoi pas, mais pour un (ex)PPDA, combien y-a-t-il de pigistes lancés au lance-pierre ?

Envie d’être trader, de travailler dans la communication ? Ce genre de secteurs sont souvent composés de larbins employés modèles qui triment comme des bêtes jusque tard dans la nuit s’investissent professionnellement pour gagner une misère surtout vu les loyers à Paname dans l’espoir un jour de monter la hiérarchie, et exploiter à leur tour manager une équipe de jeunes en leur demandant de renier à toute vie sociale faisant miroiter de belles opportunités.

Les gens aiment qu’on leur raconte une histoire, comme nous l’a dit le PDG de Procter and Gamble, d’où :

– Le succès des séries TV

– Les publicités évoquant un liftstyle : le bonheur de Coca-Cola, la joie de BMW, la famille Ricoré…

– L’élection de présidents de droite depuis 1958 (à l’exception notable de Mitterrand). Les gens sont-ils si riches pour se permettre de voter pour la droite ? Ou est-ce que vendre du rêve est plus glamour que rappeler la réalité et faire des réformes douloureuses mais nécessaires ?

Alors, de nombreuses personnes s’engouffrent dans des projets sans débouchés, car hormis avec un talent exceptionnel et/ou du piston, les métiers glamours ont souvent des débouchés limités. A l’inverse, des métiers sont complètement délaissés, comme plombier.

Certes, qui tente rien n’a rien. Mais passons l’âge du père Noël et posez-vous la question :

Que vaut-il mieux ? Vivre d’expédiant en étant serveur ou en faisant des ménages en espérant devenir une star (1 personne réussit quand 10 000 échouent) et finir désabusé et cynique par la suite ? Faire un métier de cadre prenant et rentrer à 22 heures chez soi, sans voir ni sa femme, ses enfants, ses amis ?

Ou faire un petit travail alimentaire tranquille pour vivre ses passions à côté ? Créer son entreprise et devenir riche – un bon plombier ou un bon boulanger peut gagner plus de 4000€/mois ?

Investir : évitez les valeurs glamour

Rappelez-vous, il y a quelques temps, je vous indiquais que la vie est une montagne russe. Dans les affaires, c’est pareil. Si vous voulez investir dans 4 types d’actions, laquelle choisissez vous ?

– Facebook (lorsqu’il sera côté). Acheter un site dont le potentiel est incertain (cf MySpace) sur une valorisation supérieure à EDF, ou à toutes les compagnies aériennes des USA et Boeing.

– Apple. Le succès d’Apple est incontestablement élevé. Mais comme vous le savez aussi, la valeur boursière d’une action est l’anticipation des futurs cash-flows de l’entreprise. Une telle boîte arrivera-t-elle à maintenir son succès sur le long-terme ? Monter est dur, descendre est très facile.

– Une boîte « Old economy », avec peu de croissance à la clé, une activité peu glamour, mais qui propose un rendement sous forme de dividendes de 5-8% par an ?

– Une boîte en bas de la montagne russe, et qui ne peut que se redresser ?

A qui profite le « crime » ?

Durant la ruée vers l’or, ce sont les vendeurs de pelles et de pioches qui se sont enrichis, pas les chercheurs d’or.  Pour le football, le basketball ou le cinéma, ce sont les producteurs de cinéma et les quelques stars « bankables » qui profitent, pas les milliers de prétendants en bas de la pyramide.

Bref, ce sont les vendeurs de rêve qui profitent du « glamour » pour gagner un maximum, et tant pis si la désillusion survient par la suite. Les gens auront honte d’avouer s’être fait avoir et se tairont…

Conclusion

Mais au final, être vous plus heureux à vouloir une vie glamour ? Vous payez 3 fois plus cher votre logement – enfin comme vous êtes pauvre, vous payez 1,5 ou 2 fois plus cher un clapier à lapin dans une ville « glamour » ?

Vous ne comptez pas vos heures pour un mauvais salaire et vous vous la fermez car vous savez que la boîte « glamour » pour laquelle vous travaillez a des milliers de CV en attente ?

Vous empruntez un crédit à la consommation pour vous acheter le dernier téléphone ou jean à la mode « glamour », et mangez des pâtes pour compenser ?

Pourquoi au contraire arrêter d’être un mouton et chercher à vivre mieux, avec plus de bonheur ?  Ne pas vivre à Paris ou à Shanghai, mais dans un petit village, «  loin de ce monde de barbares » dixit Renaud ? A arrêter de vouloir impressionner ses voisins et arrêter de fantasmer sur son portefeuille pour prendre le temps d’admirer les choses simples de la vie ?

Le bonheur est dans l’être, pas dans l’avoir. A méditer

Lecture complémentaire: Être ou avoir, 5 secrets du bonheur