Mon voyage au Maroc (3ème partie)

Posté dans : Afrique, Voyager | 15

Je suis parti au Maroc via le 4L Trophy en 2009. Suite à la partie 1 et la partie 2 de mon récit , ou vous avez pu découvrir le début de mon aventure (descente du Maroc en 4L, nuit sous tente par -5°C, première fois que je mettais les pieds en Afrique) et la suite de mon aventure (paysages magnifiques, hospitalité marocaine), nous voici arrivé dans le désert, ou nous devons régulièrement dessensabler la voiture (n’ayant pas de pelle, mauvaise organisation aidant, je dois ôter le sable en dessous des roues à la main chaque fois que nous nous ensablons…). Voici la suite de mon aventure: route jusque Mergouza, don du matériel scolaire, franchissement de dunes, étape marathon et retour à Marrakech.

Errachidia-Merzouga

Arrivé à Errachidia, nous reparons pour Merzouga, un village du désert non loin de la frontière Algérienne. Le soleil se fait très fort, le mercure dépasse les 30-35°C (nous sommes au mois de février) L’étape est courte, et la 4L est toujours bruyante (un bruit nouveau tous les jours…). En chemin, le choix est cornélien: doit-on suffoquer de chaleur en fermant les fenêtres (d’autant plus que le chauffage de la 4L est à fond malgré les 35°C, pour évacuer la chaleur du moteur…), ou les ouvrir et se faire enssabler par la poussière des voitures nous précédent?

On s’ensable parfois, et même au milieu du désert, dès qu’on s’ensable, il y a 3 ou 4 gamins surgi de nulle part qui viennent nous aider à pousser la voiture en échange d’une bouteille de Coca… Gênés de la chance souvent oubliée de vivre dans un pays riche, on les aide en leur donnant ce qu’ils demandent avant de repartir… et sitôt arrivé à l’étape, nous distribuons le matériel scolaire à l’endroit prévu. Puise fais réparer ma voiture par un mécano marocain, moyennant 200 dirhams – environ 20 euros – de pièces détachées. Le soir, la cérémonie avec l’association « Enfants du Désert »…

Puis le lendemain je pense à dégonfler les pneus (2,5 bars -> 0,7 bars) pour le franchissement de dunes… En effet, le lendemain, nous devons franchir une dune de sable fin en 4L, et l’idéal est d’avoir des pneus les plus dégonflés possible pour avoir une bonne adhérence… Alors que 2/3 des candidats s’enssablent dans les dunes, ayant appris à conduire dans le sable, mon franchissement est parfait et me vaut un 20/20 pa r l’organisation. J’ai en effet appris à rester en première et durant la montée sur la dune, j’ai appuyé à fond sur la première même quand la voiture patine ou semble résister et la voiture tant bien que mal a franchi la dune… Puis au retour, on pense à regonfler les pneus (une bonne idée, un équipage a oublié de regonfler les pneus ce qui lui a valu par la suite des pneus crevés)

Pour l’info, nous pouvons prendre à Merzouga la première douche depuis le début du 4L Trophy, soit depuis près d’une semaine… Mais il y a une dizaine de douches sommaires… pour 2 000 étudiants. Las de devoir attendre 1 ou 2 heures pour me doucher, je me contente de me laver au gant de toilette… pour la première fois depuis une semaine car d’habitude on est si limité niveau eau qu’on ne souhaite pas la gâcher inutilement… Mais la « non douche » de ne manque pas: Etonnament, on ne sent pas mauvais après 1 semaine sans douche…

Les couleurs typiques du désert: bleu, orange, vert…

Un cycliste, au milieu du désert

Arrivée à Merzouga

Remise du matériel scolaire

Merzouga – Timzerif: la grosse galère

Le lendemain, nous partons pour Timzerif, un petit village à 159 km de la. Ca va être du gâteau, nous avons tout notre temps, nous nous dimes, naïvement…. En fait on roule très bien jusqu’au kilomètre 82… qu’on a surnommé le bac à sable. En gros, imaginez une sorte de col de 500 mètres – 1 km de large, avec seulement au milieu un passage de 2 mètres de large de chemin dur et pour le reste, du sable mou où on s’ensable… Bien évidemment, il est presque impossible de repérer le chemin dur à l’oeil nu, ce serait trop facile. Il faut donc voir ou les 4L semblent le mieux rouler et s’en rapprocher… On aura mis près de 3 heures à sortir du bac à sable (1km de long). Il aura fallu jusque 8 personnes pour pousser la 4L lorsqu’elle fut le plus salement enssablée… L’entraide existe, on pousse notre 4L, on pousse d’autres 4L… Bref, entre l’embouteillage pire que le périphérique parisien aux heures de sortie de bureau (je n’exagère pas, vitesse moyenne sur le chemin: 1 km/h à peu près) et l’enssablement… Etonnant que les organisateurs ne se soient pas rendu compte du problème, sans doute ils sont passés sans problèmes lors de leur voyage en reconnaissance avec leurs gros 4*4…

Puis la route continue, sur un vaste plateau caillouteux et très plat. Aucun repère du road-book (cabane, antenne TV) ne sont visibles. Il commence à se faire tard, et on est complètement perdus au milieu du désert… Du coup, je suggère l’idée de foncer plein nord à l’arrache, car logiquement, vu la zone ou on se trouve, il y a une nationale à 20-30 km au nord de lù ou on est. Bien sûr, on ne sait pas si c’est possible ou pas, s’il n’y aura pas d’obstacles sur le terrain mais on y va… La nuit commence à tomber, on continue de s’ensabler (l’avantage la nuit, c’est que c’est facile de savoir les passages où on s’enssable: c’est la où on voit plein de phares immobiles). Le choix est cornélien: rouler là ou il y a de la caillasse ou rouler dans le sable… Finalement, on rejoint la route nationale et on rejoint le bivouac vers 21h, après 11h30 de route (vitesse moyenne: 14 km/h). 500 équipages sont arrivés avant nous, 500 autres sont derrière nous – 200 4L seront encore perdues à minuit, et les dernières arriveront vers 4h du matin…

Etape Marathon: Timzerif – Marrakech

Nous devons remonter sur plus de 600 kilomètres à travers désert, village, routes caillouteuse, montagne pour rejoindre marrakech… C’est amusant, à chaque village, les 4L sont l’évènement du jour… A chaque fois les gamins viennent nous regarder et nous taper dans la main… Nous roulons très prudemment – souvent autour de 25 km/h – pour éviter tous risques d’accidents… Le 4L trophy n’est en effet pas une course, et le but, outre le but humanitaire est de conduire en étant responsable – le « gagnant » du 4L Trophy n’est pas celui qui roule le plus vite, mais celui qui roule le moins… En outre, le co2 émis dans cette aventure est entièrement compensé par l’organisation, et j’ai recompensé par derrière le co2 auprès de mon organisme à hauteur de 110% de mes émissions (environ 30-40€ de ma poche). Bref le co2 a été compensé plus de 2 fois… En outre, en raison de la faible vitesse de conduite, nous usons bien moins les pistes que dans une course classique. Bref, une philosophie qui me plait. Fin de la parenthèse.

Ma 4L et des gamins qui regardent…

Nous traversons des zones désertiques, des oueds… nous longeons également une longue vallée avec des palmerais à perte de vue,  Nous entamons ainsi notre remontée vers Marrakech… Nous traversons des villages dénués de tout, où les gamins s’agglutinent et se battraient presque pour… un chewing-gum. Attristés, on commence à donner un peu de nourriture à quelques gamins mais cela attirer des dizaines et des dizaines d’autres gamins… La mauvaise conscience, nous sommes contraints de repartir en disant qu’on n’a plus rien… Je me rends compte de la chance que j’aie d’être français, et de l’indécence de se plaindre de la baisse du pouvoir d’achat ou de la crise, quand certains n’ont rien… Je suis un peu attristé de découvrir, 2 jours plus tard, le grand luxe de Marrakech: hôtels de luxe, Maserati, BMW et autres voitures de luxe garées devant le Pacha à Marrakech…

Le soir, nous nous rendons compte que nous sommes encore à une trentaine de kilomètres avant Zagora et que nous ne pourrons rejoindre la ville d’ici la tombée de la nuit… Or, pour des raisons de sécurité, on ne peut rouler la nuit. Et durant l’étape marathon, il faut se débrouiller en parfaite autonomie, y compris pour dormir… La route montant, on décide de s’arrêter pour bivouaquer, à un endroit suffisamment loin d’un village pour ne pas être ennuyé. La nuit tombe. Quelques 4L continuent de rouler un peu, et des équipages roulant seul décident de s’arrêter sur notre lieu de bivouac. Nous sommes donc une petite dizaine de 4L (une quinzaine de personnes), nous plantons un camp au milieu de rien – ce qui fut laborieux. Avec le vent, je mis ainsi près de 30 minutes à planter ma tente, malgré de grosses pierres à l’intérieur de la tente pour l’alourdir… J’ai failli renoncer et dormi dans la 4L, mais par orgeuil, je ne voulais pas abandonner et perdre la face auprès de mes amis.

Puis on allume un feu – et je comprends pourquoi certains équipages récoltaient du bois en début de parcours: car à la fin, il n’y a pas de bois à recolter pour faire un feu – , on mange ce qu’on a emporté avec nous – c’est-à-dire, comme tous les jours, saladette, saucisson et bière. Puis une petite soirée vient autour du feu et d’apéritif et, la route restante est longue, nous nous couchons vers 22h30-23h. Lever le lendemain entre 5h30 du matin et 6h, pour partir dès le lever de soleil…

Dans ce passage caillouteux, des amis crèvent. Par grande chance, nous n’avons jamais crevé…

Le lendemain à midi, nous nous arrêtons à Ouarzazate dans un restaurant manger du couscous… en précisant que nous sommes pressés car nous avons encore la route jusque Marrakech… Je ne sais pas si c’est normal au Maroc, mais on aura attendu… 2 heures pour être servi au final d’un simple couscous sans viande… Sensiblement énervés par tant de lenteur, nous reprenons la route direction Marrakech.  Peu avant notre arrivée à Marrakech (80 kilomètre avant), nous arrivons au niveau du col de Tichka, le col le plus haut du Maroc. Le montée est nette, ma voiture culmine à 40 km/h en montée, pied au plancher. Je suis heureux qu’un camion me bloque la route devant pour pouvoir mentir à mes amis en faisant croire que je traîne à cause du camion – alors que ma 4L n’aurait pas pu avancer plus vite. On traverse des villages de plus en plus haut.

Montée du Tishka

Descente du Tishka

De nombreux vendeurs nous proposent des pierres précieuses locales.

Magasin de pierres précieuses

Nous refusons, ayant déjà achetés des souvenirs. Puis nous redescendons de l’autre côté du col… La descente est dangereuse, avec des virages en épingle à cheveu et des rembardes de sécurité… pas vraiment sécurisante. Ayant conscience de  « Si on se plante dans un virage, on meurt », inutile de dire qu’entre la descente, les virages et les traces de neige, nous descendons très prudemment et évitons toute variation brusque de vitesse… Après une trentaine de kilomètres de descente, nous arrivons dans la plaine… puis arrivée à Marrakech. Nous passons le checkpoint, et on nous indique nos hôtels. La règle est simple: 1 chambre par équipage. Ma copilote flirant avec un autre  pilote d’un autre équipage, nous décidons de changer de 4L pour laisser les deux tourtereaux dans la même chambre d’hôtel, et nous dirigeons vers notre hôtel: le Kenzi Farah. Un peu étonné du luxe de l’hôtel – pourquoi ne pas avoir vendu les places du 4L Trophy moins cher ou donné plus aux associations locales  nous nous sommes dits – nous prenons notre première vraie douche après 2 semaines sans douche. L’eau est brune tellement la poussière s’est incrustée en nous…

Place Jamâe el Fnaa, Marrakech

Je savoure le bonheur d’une simple douche, et ce voyage m’a aussi aidé à prendre du recul sur la société de consommation: finalement, sans électricité, avec peu d’eau, nous étions aussi heureux dans le désert qu’en france ou dans les hôtels de luxe… Je trouve malgré tout dommage le prix très élevé du rallye, et le manque de contact avec la population locale… J’aurai aimé plus rencontrer les gens… et que le côté humanitaire se soit déroulé autrement… Enfin…

4L en vidéo  d’un bon ami


Le 4L trophy 2009 partie 1 vu par l’équipage 690
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Le 4l trophy 2009 partie 2 vu par l’équipage 690
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Le 4L trophy 2009 partie 3 vu par l’équipage 690
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La prochaine fois, nous verrons Marrakech et le retour en France, qui ne manquera pas de rebondissement… et qui aurait pu très mal finir… Encore merci à ma 4L qui a tenu le choc – et qui est au Maroc à l’heure ou j’écris ces lignes, car je l’ai revendu à un équipage partant au 4L Trophy en 2011 🙂

Pour en savoir plus sur le Maroc ou le 4L Trophy: Roadtrip-Maroc.com

15 réponses

  1. Poleon
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    Génial comme d’habitude !!! De belles photos, l’articles est bien écrit…

    Je suis impatient de découvrir la suite !

  2. martin
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    Merci 🙂 Pour la suite, je pense qu’il te faudra attendre 2-3 semaines, car un tel article – recadrer les photos, ecrire le texte – me prend 2-3 heures à écrire, et je publierai peut-être des photos de Floride à mon retour de vacances, si ca t’intéresse 🙂

  3. Vacances scolaires
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    Quelle aventure… On remarque également que certains de tes amis franchissent les lignes continues sur la route!

  4. Poleon
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    Bien sûr tout tes articles de voyage m’intéressent !! 🙂

    Ha j’ai aussi une autre idée d’article :

    Les gens productifs recommandent en général d’aller se coucher tôt et de se lever tôt. Toi tu fais plutôt l’inverse.

    Peut-tu donc donner ton point de vue à ce sujet ?
    Quels sont les avantages pour toi d’une telle routine de sommeil ?
    Est-ce que tu y vois également des inconvénients ?

  5. martin
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    @ Vacances scolaire: merci 🙂 Je me demandais s’il y en avait qui avaient remarqué le coup de la ligne continue

    @ Poleon: Le PC a tendance à m’exciter, donc si je m’arrête à 1h du matin, je n’arrive pas à m’endormir avant 2h-3h du matin… Et puis la nuit, je n’ai rien d’autre a faire, et il n’y a aucun bruit, donc je bosse efficacement. En journée, je prefere faire autre chose: étudier, sortir, faire du sport…

    L’inconvénient: la difficulté de changer d’horaire. Cette nuit, j’ai mal dormi et 3h45 seulement car j’avais besoin de me lever à 7h du matin… Je pense que tout dépend de tes habitudes, de ton rythme physiologique…

  6. martin
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    Sinon, comment tu sais que je me couche et me lève tard?

  7. Martin
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    Je vis aux USA et les horaires, je les mets au hasard souvent a 5h du matin pour etre sur qu’au lever des francais le nouvel article soit en ligne 🙂

    Sinon de quoi tu parle? Je suis alle en Italie il y a longtemps, mais pas par moi meme… A bientot 🙂

  8. Martin
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    Mon budget voyage est déjà anéanti lol tres serieusement pourquoi pas, ca dependra surtout de:

    1) Si j’ai un boulot
    2) Comment évoluent le chiffre d’affaire de mes sites

    Bonne journée

  9. Charly
    |

    Que de souvenirs Martin …

    Par rapport à ta phrase : »L’étape est courte, et la 4L est toujours bruyante (un bruit nouveau tous les jours…) »

    Tu sais que passé 50 ans quand tu te réveilles et que tu as mal nulle part, c’est que t’es mort ?
    Et bien pour la 4L c’est un peu pareil … une 4L qui ne fait pas de bruit, c’est qu’elle ne roule plus 😉

    C’est vrai que sur les pistes on entends des bruits de partout, c’est une horreur ! Mais c’est tellement bon 😛

  10. martin
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    @ Charly: Sympa cette citation, je ne la connaissais pas… Tu as sans doute raison… après il y a bruit et bruit. le bruit mécanique d’une pièce métallique mal huilée ou enssablée, non seulement c’est désagréable mais on se doute que ce n’est pas très bon… Et je faisais aussi une joke privée en allusion au groupe facebook R******: un bruit nouveau tous les jours ^^

    Oui c’est clair que même sur le sable, c’est bruyant Que dire sur la caillasse, je me demandais comment elle tenait le choc… Tu as fait le 4L Trophy quand Charly?

    • Leroidela4L
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      Je me souviendrais tt ma vie de la plaque qui tapé ss la voiture et le soir on s’endormait avec ce bourdonnement dans les oreilles… Vive l’aventure!

  11. martin
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    Lol

  12. Rémi
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    Article bien écrit, agréable à lire et avec quelques surprises.

    Etant invité la-bas, le Maroc fait parti des destinations qui me tentent bien à plus d’un titre.

  13. martin
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    De quelles genres de surprises parle tu? Es-tu deja allé au Maroc?

  14. […] mon récit de voyage du 4L Trophty au cours des articles Mon voyage au Maroc (partie 1, partie 2, partie 3). Procrastination oblige, j’ai un peu oublié de finir ce récit de voyage… Voici donc, […]