Voyage au Maroc (4ème partie)

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Il y a quelques temps, j’avais écrit mon récit de voyage du 4L Trophty au cours des articles Mon voyage au Maroc (partie 1, partie 2, partie 3). Procrastination oblige, j’ai un peu oublié de finir ce récit de voyage… Voici donc, 3 mois après le précédent épisode, la fin du récit de notre aventure…


Marrakech

Arrivés à Marrakech sous un mauvais temps, on nous attribue à chacun de nos équipages un hôtel différent (pensez : 2 400 étudiants + 200-300 organisateurs, ca ne rentre pas dans un seul hôtel).

Petite anecdote croustillante : Ma copilote a rencontré son petit copain dans un autre équipage, et les photos des 2 copilotes sont associées à chaque voiture. Pour pouvoir les laisser entre eux, je suis obligé de laisser ma place dans ma voiture à son copain (qui a dit à l’hôtel s’appeler Martin, pas trop dur de mentir avec des photos d’identité vieilles de 5 ou 10 ans), et moi je prends la place dans sa voiture et dit m’appeler David à la réception de l’hôtel… Un peu galère car du coup, ayant laissé ma voiture, je me retrouve sans voiture à Marrakech, mais bref…

On dort à l’hôtel Kenzi Farah, un hôtel soit disant 5 étoiles. Bon il est pas mal, mais rien de transcendant non plus, 5 étoiles au Maroc, c’est un peu surfait. Je me plains pas : au contraire, j’aurai préféré que l’organisation prenne un hôtel moins cher et que le 4L Trophy soit moins cher tout en donnant plus de matériel scolaire mais bon.

Peu importe : on prend notre première douche depuis 1 bonne semaine, et l’eau qui coule est orange (à cause du sable, imprégné dans notre peau, nos habits, nos cheveux). 4 ou 5 douches consécutives plus tard (et autant de shampooing), je suis enfin propre…

On visite donc rapidement l’hôtel et la ville de Marrakech… Quelques photos

Souk intérieur, Marrakech. on y trouve de tout, et la négociation fait partie du jeu

Marché de Marrakech

La médina

La célèbre place Jamaa/Jemaa El Fna, avec son marché, ses dresseurs de serpents…

Le lendemain, il y a la soirée de clôture du 4L Trophy, chez Ali. Ce n’est pas le nom d’un type, c’est le nom  d’une sorte de grande salle de spectacle, ou à lieu la soirée de clôture du 4L Trophy. On veut y aller en taxi mais comme on nous demande l’équivalent de 20€ (200 dirhams) pour une dizaine de kilomètres… Vu les tarifs au Maroc, flairant le piège à touriste, on se rabat dans une 4L (on est 2 à l’aller)

Arrivé chez Ali, il y a des spectacle censés représenter les traditions locales, avec des spectacles avec des chevaux. C’est sympa mais ca devient vite lassant.

1 cavalier, chez Ali

Marocain avec un dromadaire.

Je n’ai pas plus de photos, mon appareil prenant de mauvaises photos durant la nuit.

Rapidement, lassé, on rentre à notre hôtel, à 6 dans un 4L malgré les affaires dans le coffre. 3 sur les 2 sièges devant, 3 entassés à moitié debout, à moitié assis. La 4L peine mais tient le choc… Puis le soir, on va au Pacha de Marrakech. Mon ami ne voulant pas y aller, et ma copilote et son copain ayant leur voiture, je dois quémander le transport pour y aller…

Sur place, le parking VIP est plein de Maserati, BMW, gros 4*4, contrastant avec la misère qu’on n’a cessé de voir au Maroc. Une 4L tente de rentrer dans le parking mais se fait jeter… On rentre. Entrée : 20€ (200 dirhams), soit 20 heures de Smic locaux… Il y a de l’argent à Marrakech, mais je trouve ca étonnant de fixer un tel prix. Cela reviendrait à demander 150€ pour une boîte à Paris. En bref, c’est une boîte à riche et à touristes…

Par chance, n’ayant pas de liquide je demande à payer en CB… et tout le monde oublie de me faire payer. Je rentre gratuitement, dans cet endroit assez international – on entend de l’anglais, du français, mais pas d’arabe. Rapidement lassé par cette ambiance un peu bruyante et les prix – 9€ le verre,  l’équivalent de 72€ pour les locaux… on décide de rentrer à l’hôtel.

Mes amis de l’aller étant déjà partis  et personne n’ayant de place pour moi, je monte sur le pare-choc arrière et me tient à la bordure de la 4L, et voyage ainsi sur 2-3 km, ce qui au fond était un peu dangereux mais ils étaient prudents. Puis je fais du stop pour rentrer à l’hôtel et finalement un taxi me prend moyennant 20 ou 30 dirhams.

Le retour du 4L Trophy

Arrivé à l’hôtel vers 3-4 heures du matin, je dois me lever à 6h30 le lendemain, car on retourne en France. Je laisse le volant à ma copilote, continuant tranquillement ma nuit dans la voiture… L’objectif : arriver à Tanger (570 km de route) avant 14h pour prendre le premier bateau.

Sur la route pour Tanger

Notre 4L étant lente (110-115 km/h) comparé à celle de nos amis (135-140 km/h, celle que vous voyez sur la photo) et étant parti avec un peu de retard, on arrive vers 15h et on doit attendre le prochain bateau, partant à 19h.

Le bateau partira finalement vers 23h minuit (vive la ponctualité) et on arrivera à 5h à Algésiras. Durant la traversée, j’attends péniblement mon tour au duty free (en dormant à moitié par terre, comme plein d’autres personnes) pour acheter cigarettes (pour une amie, 17€ la cartouche) et de l’alcool (moitié prix, pour moi).

Certains achètent 20 ou 30 cartouches de cigarettes (économie : 600 à 900€ par rapport à la France), je me limite à quelques cartouches et litres d’alcool…

Retournement de situation

Complètement crevé, je souhaite m’arrêter pour dormir – même mes amis qui ne sont pas allés au duty free ont dormi 1 ou 2 heures au maximum. Ils ne veulent pas s’arrêter pour ne pas perdre de temps.

A contre-cœur, j’accepte en indiquant à mon copilote qu’au moindre coup de fatigue, je prends la première sortie et m’arrête. Car l’année d’avant, à la fin d’une soirée, lorsque je rentrais chez moi, j’étais super crevé. Malgré ma fenêtre ouverte, la musique puissante et les gifles que je me donnais moi-même pour me tenir éveillé, je me suis endormi au volant et ai détruit ma R19… Juste pour l’info :

Il est impossible de résister contre le sommeil. Red Bull, musique, gifles, air froid, footing ne font que ralentir le sommeil. Une seule solution : s’arrêter dormir avant de repartir. Un jour, après 100 km, je me sentais fatigué. Il ne me restait que 2 km, mais je n’ai pas forcé, et me suis arrêté une heure avant de finir la route… On nous parle de l’alcool sur la route, mais le sommeil est aussi dangereux, et personne n’en parle. Un vrai scandale. Ce conseil peut vous sauver la vie.

Risquer le cimetière pour économiser quelques heures n’a aucun sens. Quelques mois avant le 4L Trophy, de retour de Lyon (Lyon-Dijon) où j’avais récupéré du matériel scolaire pour le Trophy, j’avais sommeil. Je me suis arrêté 5 fois pour faire une sieste, courir et boire du café en 200 km.  4h pour 200 km, la moyenne sur l’autoroute était naze, mais au moins, je suis rentré en vie.

Crevé, mon ami aussi, on préfère s’arrêter…

Hôpital de Huercal Overa

Vers 12h, on appelle nos amis pour savoir où ils sont, et ils nous disent qu’en fait ils ont alterné leur conducteur (l’un dort quand l’autre conduit) pour avancer. Ils ont été bien moins prudents que nous. Bilan : endormissement au volant, tonneau sur l’autoroute. Voiture détruite.

On fait demi-tour et on va les voir. Ils sont dans un petit hôpital près d’Alméria. On va les voir, on a un peu peur mais au final, ils s’en sortent bien, avec quelques points de suture et blessures superficielles. Espérons qu’ils auront retenu la leçon…

Mon autre ami ne parlant pas un mot d’espagnol, je dois bredouiller quelques mots d’espagnols pour comprendre combien de temps ça va durer, appeler la remorqueuse en espagnol, appeler les assurances… Et les infirmières, pas aimables pour un sous, ne daignent pas me parler plus lentement quand je leur pose une question… Je suis espagnol de souche ou quoi ? Elles doivent le croire…

Bref, 70 euros de téléphone et 6-7 heures plus tard, nos amis sortent de l’hôpital et doivent retourner en France en avion, leur assurance ne voulant pas rapatrier la voiture.

Nous on récupère le matériel… On se perd complètement car on nous donne un nom d’un garage à Alméria, donc on va à Alméria, sans comprendre que le nom de la casse en fait c’est le nom d’un village, et Alméria c’est le nom de la PROVINCE. On s’en rend compte grâce au kilométrage sur l’autoroute par rapport au kilométrage indiqué sur la carte de visite…

Par chance, on arrive à la casse 5 minutes avant la fermeture et on prend toutes les affaires. Ca parvient tout juste à rentrer dans notre voiture car au retour les voitures sont presque vides – plus de matériel scolaire, ni nourriture.

Crevé, on s’arrête près d’Alméria pour dormir, où je perds mon appareil photo… Le lendemain, on fait Alméria / Clermont-Ferrand d’une traite (1450 km, robuste la 4L), en parant à 6h du matin et en arrivant à 22h. La 4L est robuste et tient le choc de rouler à 120 km/h tout du long. Je veux continuer la route jusqu’à Dijon quitte à dormir sur la route pour ne pas avoir d’accident, mais mon ami me déconseille : 1 850 km dans la journée, il trouve ça trop. on s’arrête une nuit avant de repartir le lendemain. Le 4L se termine.

Ma 4L, avant. Notez l’importance du chargement dans la voiture. Je n’aurai jamais cru qu’elle parviendrait à démarrer au départ du 4L Trophy. Elle a tenu 6500 km.

Notez la petite publicité pour eco-malin.com à l’arrière de la 4L. Cela n’a jamais eu d’impact sur l’audience de mon site 🙁

4L après le 4L Trophy. Remarquez la crasse de la voiture après plus d’une semaine dans le désert (visible au niveau du pare-brise). Plusieurs mois après, du sable est encore présent dans la voiture…

Souvenirs du 4L Trophy

Puis je reviens à Dijon. Le 4L Trophy est plein de souvenirs :

–  Découverte d’un pays, d’une culture. Troisième continent visité pour moi

–  Découverte de l’extrême pauvreté, je me suis plus senti pareil après

–  Une aventure sportive extraordinaire : road trip de 6500 km.

–  L’impression d’être un aventurier. Dormir au milieu de rien. Passer une nuit sous tente par -5°C en camping sauvage près de Burgos. Nuit passée par -2°C dans le haut Atlas.

–  Une amitié de long-terme. Je suis resté en contact avec 3 participants depuis, avec qui je suis parti en Croatie et à la Plagne (2009), sur la côte est des USA et au Lioran (station de ski) en 2010, et avec qui on va aller en Thaïlande cet été.

–  Une histoire sentimentale entre ma copilote et un ingénieur. Parmi les 3 amis avec qui je suis resté en contact, 2 se sont mis en couple lors de vacances au ski. Sur un groupe de 8-10 personnes, 4 se sont mis en couple. Pas mal 🙂

–  Une voiture cassée, et une amitié détruite entre deux de mes amis, car le petit copain de ma copilote, responsable indirectement de l’accident en ne voulant pas s’arrêter, n’a pas remboursé la 4L à son copilote…

–  Des souvenirs pour la vie

–  L’absurdité de la société de consommation. Même très pauvres, les Marocains que nous avons rencontré étaient super sympas – comme l’un me vendant du grillage et me le posant pour protéger ma voiture des cailloux et ne voulant pas être payé pour si peu – ou ceux nous offrant un thé à la menthe… L’absurdité de nos plaintes de ne pas acheter le dernier iPhone  ou voiture à la mode quand il y a des gens très pauvres… qui seraient content d’avoir un  téléphone ou une voiture… même usée et démodée…

– L’effet papillon. Si je n’avais pas vu une voiture avec un logo uB (université de Bourgogne), je n’aurai pas rencontré certains équipages devenus amis. Ma copilote n’aurait pas rencontré son copain, la 4L n’aurait peut-être pas été détruite, mais d’autres choses seraient arrivées…

Quand à ma 4L, qui a tenu le choc du Trophy (aucune crevaison, aucune panne si ce n’est qu’elle chauffait trop et qu’on a du s’arrêter de temps en temps, comme sur la BAU près de Grenade comme j’en parle dans la partie 1 de mon voyage), elle posera plein de problèmes au retour en France :

2 pannes sur l’autoroute, nécessitant un remorquage sur la BAU, radiateur à problème ne me permettant pas de rouler plus de 50 km d’affilée.  La 4L n’est pas cassée, la voiture est bonne, mais il faut tout revoir tout régler à nouveau…

Du coup, la mort dans l’âme, quand je me suis rendu compte que le garagiste devenait mon ami, j’ai revendu ma 4L sur le bon coin. Une personne voulait l’acheter 600€ pour la customiser en voiture publicitaire… triste fin pour la voiture non ? Je dis non et la vend finalement 750€ – le même prix que je l’avais acheté, 2 ans plus tôt – à un équipage… qui est reparti avec en 2011.

Excellente vidéo de synthèse (trouvée sur le web)

Une petite publicité, d’époque…

Jingle 4L trophy – les anciens participants comprendront

7 réponses

  1. Piotr
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    J’ai un ami qui a vécu cette expérience ! Il m’en a raconte de beaux souvenirs… ah je suis un peu jaloux Martin. Je partirai au Maroc mais jamais je n’aurai la chance de prendre part a cette aventure !

  2. martin
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    Tu peux, tant que tu es étudiant.. Pourquoi tu ne tente pas ça, Piotr? Par contre, l’hôpital, je m’en serai bien passé. Bah ca fait toujours de souvenirs…

    • Piotr
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      bah, j’ai d’autres projets sur le feu déjà ^^

  3. martin
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    ok 🙂

  4. Abel
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    C’est un tres grand service que vous avez rendu à ces enfants en les aidant avec du materiel scolaire.

    étant marocain résident à agadir et au nom de tous ces enfants je vous remercie infiniment.

    bon courage

  5. martin
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    De rien, Abel. L’action est symbolique, car on ne peut compenser les relations inégalitaires entre pays du Nord et du Sud au travers d’une simple action comme celle-la, mais si cela peut aider ne serait-ce que quelques gamins, c’est mieux que rien 🙂

  6. martin
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    Tourisme ou affaires?