Être heureux: mode d’emploi

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Tout le monde instinctivement recherche à être heureux. Cela ne marche pas toujours, comme le montre le fait que la France soit la championne (Européen ? Mondial ?) de la consommation d’antidépresseurs. Certaines personnes pensent que l’argent fait le bonheur. Comme vous pouvez le voir, les gens sont fondamentalement plus heureux en 2013 avec leur iPhone et leur voiture avec GPS et radar de recul qu’il y a 15 ans à l’époque où on jouait à Snake sur son Nokia 3210 et avec des voitures (non mais rendez-vous compte) sans airbag. Je suis assez taquin, vous l’aurez remarqué, j’aime manier le second degré.

L’argent ne fait pas le bonheur

Bref, l’argent ne fait pas le bonheur, et passé un certain niveau de revenus (75 000 dollars, soit 55 000 euros par an et par ménage selon des chercheurs américains) gagner plus ne rend pas plus heureux. C’est logique. L’être humain étant limité, une fois ses besoins de base comblés (vacances de temps en temps, manger à sa faim, lire aussi la Pyramide de Maslow), les revenus supplémentaires sont dépensés dans une hausse de la qualité (partir en Chine aux Seychelles au lieu de la grande Motte, boire des grands crus au lieu de vin ordinaire), mais passé l’effet surprise, on s’accommode très vite du luxe.

Laissez-moi-vous donner quelques exemples persos. Lorsque lycéen, j’ai pu m’offrir mon premier iPod à 330 euros (1 an d’argent de poche), j’étais fier et le montrait tout le temps… Au bout de quelques semaines, je me suis lassé… Lorsque j’ai fait un stage chez un négociant en vin, je dégustais parfois d’excellents vins (et très chers). J’ai apprécié… mais c’est rapidement devenu quelque chose de banal, et lorsque mon stage s’est terminé, j’ai eu du mal à me réhabituer à du vin de milieu de gamme (je trouvais que tout vin de milieu de gamme = vinaigre).

Au Mexique, j’ai été une fois (l’unique fois dans ma vie) dans un hôtel all inclusive… Au bout d’une journée, j’avais essayé la totalité de la carte des cocktails et me laissait des 2 ou 3 piscines de l’hôtel, et j’ai préféré passer ma semaine en dehors de l’hôtel qu’à siroter des cocktails à la piscine. Ca donne envie comme ca mais on s’ennuie très vite.

Enfin, j’ai pu monter dans un BMW de 400 chevaux (valeur : 80 000 euros) qu’un ami dans ma classe (MBA aux USA) avait reçu en cadeau d’anniversaire de la part de ses parents. Je l’avoue : j’étais excité à l’idée de monter dans un tel bolide mais lorsqu’il a accéléré à 140 km/h en quelques secondes dans les rues de la ville, j’ai dit à mon ami de se calmer car je n’aurai voulu être complice d’un meurtre d’un enfant passant par là… Bref, même les grosses voitures, au final, c’est un joujou souvent dangereux.

Connais toi toi-même

La moralité de cette chose, c’est que l’argent certes aide au bonheur, mais n’est qu’un moyen, pas une finalité en soi. Même l’entrepreneur à succès n’a souvent pas comme moteur l’argent, mais quelque chose d’autre. Celle de révolutionner les rapports sociaux pour Mark Zuckerberg par exemple, qui continue de vivre de manière simple car vivre dans un château ne l’intéresse pas.

Comme le disais Socrate, la première clé du bonheur, c’est de se connaître soi-même et de savoir qui on est. C’est en se connaissant qu’on peut savoir quel métier est compatible avec une vie épanouie,, quel est sa vision de la ville (célibataire, famille…)

Être acteur de sa vie

Comme dans toute société et toute civilisation, nous vivons dans une société avec des règles du jeu, des codes, certains formels, la plupart informels. Il serait vain de chercher à réinventer la roue (carrée) et accepter certaines règles de vie est fondamental. Il est en revanche très dangereux pour votre bonheur d’adopter une stratégie moutonnière et de vivre par procuration.

Certes, idéalement, il vaudrait mieux être propriétaire de villa, avoir une (ou plusieurs) jolie femme et des enfants, un labrador et une voiture à crédit achetée comptant. Mais tout le monde n’est pas pareil (cf passage précédent : « connais-toi toi-même »). Suivre le modèle dominant et vivre de façon passive, c’est la meilleure clé pour avoir une vie frustrée et vécue avec procuration.

Qu’on ne se méprenne pas : même si je n’ai pas d’appétit particulier pour le football, je comprends tout à fait qu’on puisse adorer le football. Amour du sport, ambiance des bars sportifs, enjeux stratégiques ou financiers, les raisons sont multiples. Par contre, je ne comprends pas les gens qui vont regarder le football (ou le basket, ou acheter telle marque d’habits) non par goût, mais juste parce que c’est bien vu de faire ça.

Un peu comme les voitures. Qu’un amoureux de mécanique achète de belles voitures, je comprends parfaitement. Mais acheter une grosse voiture pour épater le voisin cache inéluctablement un mal-être (manque de confiance en soi, recherche du regard de l’autre, volonté de domination…) qu’il est illusoire de vouloir résoudre par la consommation. Mieux vaut une bonne psychothérapie et être entouré d’être aimés à mon humble avis.

Bref, il faut être acteur de sa vie sans toujours tenir compte du regard des autres. Après tout « les chiens aboient, la caravane passe » comme le dit le proverbe arabe. La pire des choses pour un capitaine de bateau perdu dans l’océan de rester sur place à avancer au hasard des courants. Il faut choisir un cap et s’y tenir, tout en étant flexible par la suite. Après tout, la vie est faite d’imprévu.

Ainsi, j’essaie de donner un cap stratégique à ma vie et d’être acteur de ma vie, mais après tout, nul ne sait dans 10 ans ce que je serai devenu, en fonction des rencontres, des opportunités qui s’offriront (ou pas) à moi…

Vase vide/Vase plein

Comme je le disais, il faut se connaître soi-même pour devenir acteur de sa vie au lieu de vivre par procuration pour pouvoir être heureux. Il faut également être optimiste et voir toujours le vase à moitié plein (et pas à moitié vide). Vous trouverez toujours quelqu’un de plus intelligent/riche/beau/musclé (barrer les mentions inutiles) que vous. Mais cela vous rendrait-il plius heureux d’être  plus intelligent/riche/beau/musclé (barrer les mentions inutiles) ?

Attention, je ne dis pas qu’il faut se complaire dans la médiocrité. Je considère que le bonheur, la vie ou la réussite, c’est comme une bicyclette : si on n’avance pas, on tombe, et il faut chercher à se remettre en cause et aller de l’avant pour être heureux. Vouloir s’améliorer oui, mais sans complexer.

Je peux chercher à courir plus vite, mais je ne me compare pas mes performances avec Usain Bolt. Bref. De même, les femmes gagneraient à ne pas se comparer avec des mannequins anorexiques photoshopées et les ados de se comparer avec des acteurs porno, qui sont par définition des acteurs devant donner un spectacle.

Cela ne mange pas de pain de dire ca, mais comme le disait Baloo dans le livre de la Jungle, « il en faut vraiment peu pour être heureux » et en cessant toujours de vous comparer, vous reprendrez confiance en vous. Si vous vous sentez mal, préférez-vous comparer à plus faible que vous (sans lui dire) et à vous dire tous les points positifs que vous avez et que les autres n’ont pas.

A titre personnel, chaque fois que je retrace mes principales réussites de vie, j’ai un sourire grand comme une banane par la suite.

Carpe Diem

Les bouddhistes le disent souvent : tout est impermanent, rien n’est figé. Dans le monde occidental, on vit dans l’illusion qu’on peut tenir certaines choses pour garanties. C’est faux.

Si vous avez une jolie et gentille femme, de beaux enfants, un super boulot et bien payé, une belle maison et de nombreux amis, il y a de fortes chances que vous soyez heureux.

Mais votre maison peut prendre feu, votre femme peut divorcer. La beauté s’estompe avec le temps à l’image de la rose qui se fane… Vos enfants ne seront pas toujours enfants. Peut-être qu’ils se feront renverser par une voiture ou que vous tomberez malade. Vous pouvez aussi vous faire licencier de votre boulot et devenir SDF…

Ne sombrons pas dans le pessimisme, mais tout ça pour dire que vous avez bien moins de contrôle sur votre vie que vous ne le pensez. La seule chose que vous pouvez contrôler, c’est vous et votre vision de la vie. Si vous conduisez prudemment, avec une voiture bien entretenue après avoir bu plusieurs cafés pour vous donner du tonus, rien ne dit que vous n’aurez pas d’accident mais vous limitez le risque à sa portion congrue. Idem pour votre alimentation ou votre travail.

Si vous développez votre employabilité (se former en permanence), épargnez et diversifiez vos revenus (capital à sa disposition, revenus alternatifs), vous limitez le risque… mais vous ne le supprimez pas.

La vie est un risque. Deux choses me paraissent importantes à savoir. Carpe Diem (cueille le jour). Il faut profiter de la vie au quotidien puisque rien n’est garanti dans la vie, chaque moment doit être savouré comme si demain était la fin du monde. Steve Jobs disait d’ailleurs qu’il se demandait s’il serait heureux de sa vie si sa vie se terminait aujourd’hui. Si durant quelques jours de suite, la réponse était non, il cherchait à changer quelque chose dans sa vie.

L’autre élément important est l’amour.

L’amour

L’amour est l’antithèse de l’argent. Plus on en donne, plus on se remplit d’amour. Le plus important dans la vie pour être heureux est d’avoir des vrais amis, pas les amis jetables, vous savez les gens avec qui on sympathise lorsqu’on les rencontre mais avec qui jamais on ne gardera le contact une fois qu’on ne les reverra plus, c’est-à-dire 90% de nos contacts.

Avoir des vrais amis (ceux qui seront là pour nous même quand on est dans la mouïse), mais aussi un copain/une copine aimante (pas le ou la première venue) et une famille unie est la chose la plus importante dans la vie. Après tout les choses les plus importantes ne s’achètent pas dans la vie.

On peut acheter le sexe, mais pas l’amour

On peut acheter un médecin, mais pas la santé

On peut acheter une maison, mais pas un foyer (vous connaissez la rengaine)

Souvent on a tendance à réagir lorsqu’on est en difficulté. C’est celui qui mange mal qui décide de mieux manger après avoir eu une attaque cardiaque. Ou l’Etat qui s’attaque au problème de la dette seulement une fois au pied du mur. Mais en relations humaines, ce n’est pas comme ça que cela marche. Il faut voir cela comme un agriculteur qui sème des graines pour obtenir une récolte plusieurs mois plus tard ou un arbre longtemps après.

Si vous prenez soin de vos proches (rendre des services, prendre de leurs nouvelles), invitez vos amis de temps en temps, aidez vos voisins quand ils ont besoin de quelqu’un, en répandant votre amour, vous créez une dynamique positive autour de vous qui fait qu’on vous rendra la pareil le jour où vous en aurez besoin.

Je ne dis pas qu’il faut rentrer dans une logique d’apothicaire sur le principe : « je t’ai payé un demi, j’espère que tu m’en repairera un » ni cynique du genre « je t’aide à déménager non pas pour t’aider mais pour que tu te sentes obligé de me rendre un service dans deux semaines ». De même, il y a toujours des pique-assiette qui tenteront de profiter de vous et qu’il faudra fuir. Mais simplement, en rentrant dans une dynamique positive (n’attendez pas que les autres fassent le premier pas, c’est à vous d’agir en premier), vous faites en sorte d’aimer et d’être aimé. Telle est la clé du bonheur.

Truc : N’aidez pas trop les autres, car l’être humain part sur le principe de crédit/dette, et chaque fois que vous aidez quelqu’un, vous lui créez inconsciemment une dette (il se sent redevable) et trop aider crée une grosse dette (morale s’entend) que les gens n’ont pas forcément envie de porter. Aidez les autres, mais n’hésitez pas à demander leur aide (ils se sentent utiles. Et si vous leur demandez de l’aide, c’est que vous les aimez, et vous leur créez un crédit au lieu d’une dette morale).

Conclusion

Certes, l’argent peut contribuer au bonheur, car il facilite la vie sociale et peut limiter le stress au quotidien. Il n’y a pas à dire, manger de bons plats, sortir le week-end, voyager, c’est quand même bien sympa. Mais l’argent ne fait pas le bonheur. Il peut même créer le malheur. De nombreuses personnes riches ou célèbres finissent pas se suicider (comme Elvis Presley par exemple) car l’argent attire les gens superficiels, comme le miel ou la viande en extérieur attire les insectes nuisibles.  Si j’étais riche, être entouré de personnes superficielles intéressées par mon argent ne m’intéresse pas, je préfère être avec des gens vrais.

La clé du bonheur est de se connaître soi-même. Comme me le disait ma prof de psychologie, mieux vaut faire un boulot moins bien payé mais qu’on adore qu’un boulot bien payé mais chiant. Après tout, se lever en étant mécontent et vivre 8 à 10 heures par jour de vie professionnelle sans épanouissement, c’est un prix bien trop lourd pour un compte en banque, même bien rempli.

Apprenez à vivre votre vie en étant capitaine de votre destin au lieu de vivre par procuration. Goûtez l’instant présent  sans toujours cogiter concernant le passé et le futur et surtout, acceptez d’aimer et d’être aimé.

6 réponses

  1. Nadege@Miami
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    Salut Martin,

    Intéressant cet article. Ca m’agace un peu que les français ne soient jamais heureux alors que dans certains pays on n’a rien mais on garde le sourire. Quand on a vécu à l’étranger et qu’on revient, qu’on retrouve cette mentalité, c’est un peu pesant. Surtout que quand on envisage le changement, c’est tout de suite des manifestations..

    Enfin, ca ne m’étonne pas que beaucoup aient envie de repartir et pourtant j’aime beaucoup la France ! Après sinon tu as raison, l’argent ne fait pas le bonheur même si il y contribue bien !

    A bientôt,

    Nadège

  2. martin
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    Bonjour Nadège

    En effet, cette résistance au changement est dommage. D’une part, le monde change. Au lieu de vouloir protéger la société et les emplois existants, pourquoi ne pas s’adapter quitte à avoir un Etat protecteur, un peu comme la flexsécurité à la Danoise?

    Et puis le « c’était mieux avant », c’est vite dit. En 1970, le niveau de vie était 2 fois plus faible qu’aujourd’hui. Les inégalités de revenus étaient bien plus importantes qu’aujourd’hui, l’espérance de vie était 10 ans plus faible, il n’y avait pas Internet, le transport aérien était hors de prix… On a beau dire, malgré la crise, sauf peut être pour l’immobilier, on n’a jamais aussi bien vécu qu’actuellement en France… Le seul point négatif, c’est le pessimisme ambiant…

    Moi aussi j’aime bien la France, mais je sens que l’Asie va me manquer et je pense que je retournerai tôt ou tard dans les pays émergents, parce que j’aime bien ce genre de pays, mais aussi pour préparer l’avenir. Je discutais d’ailleurs avec ma copine ce soir: elle n’aime pas l’idée de prêt bancaire. Je lui disais « en France, c’est dur d’acheter un logement cash. Les loyers sont chers, donc si tu es locataire, c’est difficile d’épargner, et si tu gagne beaucoup, tu paie énormément de taxe. »

    Par contre j’ai des amis qui ont épargné plusieurs dizaines de milliers euros en 2 ans de vie en Chine à peine.

    Du coup, je me dis pourquoi ne pas retourner dans un pays émergent tôt ou tard quelques années le temps d’épargner pour acheter un logement?

    A bientôt 😉

  3. Nadege@Miami
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    Salut Martin,

    Ca peut être une bonne idée de partir à l’étranger pour acheter cash mais avec le taux d’intérêt des emprunts en ce moment ça peut aussi valoir le coup, l’argent ne revient pas tellement cher mais encore faut-il qu’on nous le prête.
    Perso je sais pas combien de temps je vais supporter de rester en France, à la rentrée je vais m’installer à Paris, on verra !

    A bientôt,

    Nadège

  4. martin
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    Bonjour Nadège

    Comme tu le dis, l’argent ne coûte pas cher en ce moment, j’ai réfléchi à cela en me disant que je pourrai me refinancer, pour acheter un petit bien immobilier (genre une place de parking ou deux) tout en diminuant mes mensualités de mon emprunt étudiant. Mais la banque suivra-t-elle? Telle est la question, on verra quand je rentrerai en France.

    Sinon tu me surprends quand tu dis: « je sais pas combien de temps je vais supporter de rester en France », l’appel du large te tente a nouveau?

    A bientôt

    Martin

  5. Nadege@Miami
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    Salut Martin,

    Bonne idée mais c’est vrai que les banquiers sont de plus en plus frileux !
    Pour l’instant je vais rester en France au minimum deux ans pour finir mon master. J’ai été prise à dauphine et je cherche une entreprise pour faire une alternance.
    Après on verra…

    A bientôt,

    Nadège

  6. Martin @Blog Vietnam
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    OK. De mon côté, il y a 99% de chances que je vive en Belgique l’année prochaine, j’espère avoir l’occasion de te voir sur Paris ou Bruxelles à l’occasion. A bientôt 😉