Devenir entrepreneur : mode d’emploi (Partie 2)

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Il y a un peu plus d’un mois, j’ai publié l’article « Devenir auto-entrepreneur, mode d’emploi »  dans lequel je vous expliquais pourquoi vous devriez vous aussi entreprendre, comment vous pouvez réussir dans votre projet sans avoir l’idée du siècle et quelles sont les 6 étapes à suivre pour créer votre société en maximisant vos chances de réussite. J’espère que cet article vous a plu et vous aidera vous aussi à réussir dans votre projet de création d’entreprise. Afin de vous aider à faire de votre entreprise un succès, j’ai décidé de vous donner de nouveaux conseils dans cet article. Bonne lecture.

Conseil 1 : Réinvestissez vos bénéfices

Ca y est, vous avez identifié une idée d’activité porteuse, vous avez déclaré votre activité (régime de l’auto-entrepreneur, création de société…) et n’avez désormais plus qu’une ambition : conquérir le monde.

J’espère que vous pourrez atteindre un jour votre objectif, mais avant d’en arriver là, il vous faudra développer votre activité. Or, quand on se lance en tant qu’auto-entrepreneur, les débuts sont souvent difficiles : d’un côté, les dépenses sont élevées (création de sites Internet, achat de matériel ou de logiciels, dépenses marketing) et de l’autre les recettes mettent un certain temps à arriver…

Face à ce problème de trésorerie, de nombreux entrepreneurs empruntent de l’argent auprès de leur banque pour financer leur activité. C’est pratique, mais potentiellement très risqué, notamment en cas de faillite et si le régime de votre entreprise vous offre une responsabilité illimitée. Un échec d’entreprise financé par un emprunt bancaire peut vous endetter pour de longues années… D’autres entrepreneurs utilisent leur épargne personnelle, empruntent de l’argent à leur famille (love money)… Au contraire de l’emprunt bancaire, le risque est cette fois limité (en cas de faillite, vous avez certes perdu votre mise mais n’avez aucune dette) mais encore faut-il disposer d’épargne en quantité suffisante et/ou vouloir associé vos amis et votre famille avec votre entreprise, ce qui peut être risqué et nuire à vos relations sociales notamment en cas d’échec (si vous faites perdre de l’argent à vos proches).

A titre personnel, la première des deux techniques que j’utilise pour développer mon entreprise (et que vous pouvez utiliser) est la suivante :

Réinvestissez vos bénéfices : limitez votre investissement de départ à sa portion congrue et réutilisez une partie de vos bénéfices pour développer votre société.

C’est cette technique qu’à utilisé Louis Haincourt (PDG de Dealer de Coque) qui a investi au départ 100 euros à l’âge de 16 ans pour créer Dealerdecoque et a ensuite réinvesti ses bénéfices pour développer sa société (source). C’est également la stratégie qui est utilisée par Amazon. En 1994, Jeff Bezos a lancé sa petite librairie en ligne, et plutôt que de servir de plantureux bénéfices à lui-même et à ses actionnaires, il a constamment réinvesti ses profits pour créer de la valeur ajoutée supplémentaire à ses clients. Une stratégie gagnante.

Conseil 2 : Limitez vos coûts

Soyons clair : si devenir entrepreneur est un statut souvent très gratifiant (travailler sur votre projet, devenir indépendant économiquement), votre entreprise ne sera pérenne dans le temps que si elle génère des profits croissants dans le temps, afin de financer le développement de votre entreprise, de vous rémunérer et de disposer d’une épargne de précaution. Pour générer des profits, il faudra bien sûr satisfaire vos clients, vous démarquer de votre concurrence en créant votre image de marque, mais ce qui est fondamental, c’est que Vos Revenus > Vos dépenses

Or, lorsque vous vous lancez, il est souvent plus facile de limiter vos dépenses que de développer vos revenus. Pour cette raison, je vous invite à toujours limiter au maximum vos coûts d’autant plus que si gagner 1€ de CA supplémentaire implique de payer  des taxes et cotisations supplémentaires, 1€ d’économisés, c’est 1€ dans la poche.

Par ailleurs, limiter les coûts vous ouvrira 2 opportunités dont ne disposent pas vos concurrents :

– Avec des coûts limités, vous pourrez baisser vos prix et offrir plus à vos clients pour moins chers que vos concurrents tout en gardant un niveau de marge acceptable

– Avec des coûts limités, si vous décidez de garder des prix similaires à ceux de vos concurrents, vous aurez un taux de marge supérieur à celui de vos concurrents, ce qui vous permettra de disposer de plus de ressources pour développer votre société (et donc grandir plus vite que vos concurrents), de mieux vous rémunérer et de pouvoir épargner pour faire face à des projets futurs.

Comment limiter vos coûts ?

Pour limiter vos coûts, il existe une technique simple : même si vous avez de l’argent, agissez comme si vous n’en avez pas (un peu comme au poker: pour gagner, il faut avoir de l’argent, le dépenser avec parcimonie et être stratégique) pour trouver des voies détournées (gratuites de préférence) pour parvenir à vos fins. Voici quelques exemples pour limiter vos coûts.

1. Dépenses en local

Si vous avez besoin d’un local (bureau ou espace de stockage) plutôt que de louer par exemple un bureau ou un local à Paris, préférez louer un local en province (bien moins cher) quitte à faire des aller/retour à Paris de temps en temps si besoin est. Et puis si votre régime vous le permet (si vous êtes auto-entrepreneur par exemple), pourquoi ne pas domicilier votre entreprise chez vous quitte à travailler ou entrepose du matériel chez vous ? Vous faites ainsi l’économie d’un loyer de local – ce qui n’a rien de négligeable – et rien ne vous interdit, lorsque votre entreprise se développera, de louer un local le moment venu.

Bon à savoir : Grâce à l’essor du TGV et de l’avion low-cost, pourquoi ne pas vivre dans un lieu où le coût de la vie est bas ? Voici quelques exemples utiles

Ainsi, si vous souhaitez créer votre société sur Internet par exemple et que vous n’avez pas besoin d’être en permanence près de vos clients, partir vivre en Europe de l’Est vous permettra de limiter les coûts (logement moins cher, main d’œuvre moins chère, moins de besoins personnels) et de rapidement vivre de votre activité.

2. Dépenses marketing

Il existe des millions d’entreprises rien qu’en France. Pour vous développer, il faut parvenir à vous démarquer, à faire la différence. Dans cet objectif, les grosses entreprises ont des budgets marketing colossaux qu’elles dépenseront en publicité TV, en publicité Google Adwords… Tant mieux pour elles si elles ont de l’argent à gâcher mais si vous n’êtes pas Crésus, cherchez les petits chemins pour vous faire connaître… gratuitement. Vous pouvez par exemple :

– Créer un blog et viser des mots clés de la longue traîne plutôt que de payer des mots clés sur Adwords

– Organiser un concours avec un gros acteur de votre secteur afin de créer le buzz et vous faire connaître

– Créer des vidéos sympa pour faire le buzz autour de vous (croyez vous que Rémy Gaillard, ou Norman fait des vidéos ont dépensé des milliards pour se lancer ? non)

Bon à savoir : Formez vous au marketing, inspirez vous des personnes à succès, et si vous ne maîtrisez pas tel ou tel domaine, savez vous entourer. Comme le disait Warren Buffett, « si vous ne connaissez pas les bijoux, connaissez le bijoutier »

3. Dépenses en services divers

Concernant vos autres dépenses, cherchez à limiter les coûts au maximum en privilégiant les partenariats non monétaires. J’ai par exemple obtenu légalement une licence d’un logiciel à 300 euros gratuitement en échange de promotion de ce logiciel.

Vous pouvez également échanger des services avec d’autres entrepreneurs ayant des compétences complémentaires avec la vôtre, cela vous aidera à faire d’importantes économies.

Enfin, certaines dépenses sont inévitables. Dans ce cas, n’hésitez pas à les low-costiser. Par exemple vous avez besoin d’un logo ? Vous pouvez le faire réaliser par un auto-entrepreneur ou sur oDesk pour bien moins cher que le prix d’une agence graphiste traditionnelle.

Vous avez besoin de développer une application iPhone ? Au lieu de payer les yeux de la tête une SSII pour créer votre application, vous pouvez :

– Apprendre à programmer vous-même

– Chercher un informaticien et le rémunérer en part de société plutôt qu’en salaire. En cas d’échec, l’application ne vous a rien coûté, et en cas de succès, vous partez le succès avec vos associés

– Sous traiter certaines tâches dans les pays émergents pour le dixième du coût Français

Conseil 3 : Soyez persévérants

Le dernier conseil que je souhaite aujourd’hui partager avec vous, c’est d’être persévérant. Comme le dit l’adage populaire, « Rome ne s’est pas faite en un jour ». « Le succès, c’est 5% de talent et 95% de sueur » et il faudra parfois travailler plusieurs années avant que votre entreprise ne décolle et que vous puissiez vous rémunérer grâce à votre activité. Mais n’oubliez pas : en semant des graines aujourd’hui, vous récolterez les fruits de votre travail plus tard.

Bon à savoir : Depuis le début 2013, j’ai augmenté la cadence d’écriture, de publication et de promotion de mes livres électroniques. Malgré les ventes en forte hausse, mon activité livre est déficitaire. Bref, je travaille beaucoup dans une activité qui me fait perdre de l’argent. Devrais-je abandonner pour autant ? Non. Je perds de l’argent uniquement car j’investis beaucoup pour lancer de nouveaux livres, mais fondamentalement, le business-model est sain ; et sur le long-terme, je serai gagnant.

Synthèse

Créer une entreprise est une aventure passionnante. Créer une entreprise, c’est avant tout reprendre votre destin en main, et rechercher plus d’indépendance hiérarchique (plus de patron), temporelle (libre à vous de travailler quand et à l’heure que vous voulez), géographique (vous choisissez votre lieu de travail) et financière (les revenus des patrons n’ont pas de valeur limite supérieure)

Bien qu’entreprendre devienne de plus en plus difficile, en raison d’une crise prolongée et de réformes économico-politiques pas forcément judicieuses, comme la réforme du statut de l’autoentrepreneur qui limite très fortement les possibilités de devenir auto-entrepreneur (CA annuel passant de 32 000 à 19 000€, merci Sylvia Pinel), entreprendre reste toujours possible si vous avez une idée intéressante, beaucoup de motivation et savez être persévérant malgré les embûches que vous rencontrerez inévitablement sur le chemin de la réussite.

Bref, lancez vous dans une activité qui vous passionne, soyez persévérant et ne laissez pas tomber au premier échec (les échecs sont au contraire un excellent moyen d’apprendre de vos erreurs et de faire mieux la prochaine fois). Et si vous n’arrivez pas à vous rémunérer de votre activité au cours des premiers mois – parce qu’on ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche – rien ne vous interdit de faire un petit travail alimentaire à temps partiel – cours particuliers, travail en temps partiel – pour payer vos dépenses personnelles le temps que votre activité ne prenne.

Cet article est désormais terminé. J’espère qu’il vous a plu et à bientôt pour de nouveaux articles sur candix.fr

2 réponses

  1. Leslie@Voyage Perou
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    Être entrepreneur n’est pas évident, ça c’est sûr. On ne choisit pas le chemin facile, mais gratifiant. Au moins, aujourd’hui avec internet on peut se permettre d’être installé où on veut pour travailler, c’est d’après moi le gros avantage.
    Ainsi on peut choisir notre lieu de travail, voyager en travaillant et être très « multitask », sans même influencer l’image « sérieuse » du travail. Car finalement, ce n’est pas le problème du client si on est assis dans un bureau à néons ou à côté d’un palmier, c’est le résultat.

  2. Martin @Blog Vietnam
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    On ne choisit pas le chemin facile ==> Sur le court-terme non, mais cela offre d’autres avantages annexes comme tu le dis. Et travailler d’où on veut est comme tu le dis un vrai confort de vie. exit les bouchons le matin, et sympa la possibilité de travailler depuis un pays émergent ou une petite ville de province plutôt que de se ruiner à devoir rester à Paris.

    Comme tu le dis, seuls les résultat comptent au final. J’aime bien etre assis dans mon salon plutôt qu’à côté du palmier pour me concentrer, mais comme tu le dis, j’aime cette mentalité du résultat plutôt que la culture du « il faut venir au bureau/travailler x heures de telle heure à telle heure/s’arrêter de travailler le samedi et le dimanche et travailler le reste du temps… ». La liberté, c’est vraiment top 😉