Le poker : une bonne école de la vie

Le poker, vous connaissez ? J’ai découvert le Texas Hold’Em étant étudiant en école de commerce, et si au début, j’avais un peu du mal à apprécier le jeu, j’ai petit à petit de mieux en mieux compris les rouages du jeu et apprécié ce jeu. Lors de mes deux dernières parties de poker, j’ai fini 9/90 dans un tournoi et premier l’été dernier avec des amis.

En 2009, lorsque j’avais eu quelques soucis financiers et avais même envisagé à un moment de gagner un peu d’argent au poker. Je savais très bien que c’était difficile, puisque le poker est un jeu à l’espérance négative, mais ma stratégie était de jouer avec des petits joueurs en adoptant une stratégie très mathématique et psychologique. Sur les 200€ virtuels que j’avais au début, je suis rapidement passé à 600€, mais je n’ai jamais passé l’acte de jouer de vrais sous à part les quelques parties entre amis. Assez parlé, découvrez dans cet article pourquoi j’apprécie le jeu de poker

Le poker : comment ça marche

Pour ceux et celles qui ne connaissent pas le jeu, le principe du poker texas hold-em est assez simple. Pour résumer assez grossièrement, le but du jeu au poker est de récupérer la totalité de l’argent (ou jetons) des joueurs adverses. Pour cela, il existe 2 moyens de gagner :

– Attendre jusqu’à la fin de la partie, et le joueur disposant du meilleur jeu gagne la partie

– Être le dernier joueur en jeu (les autres ayant lâché l’affaire)

Le déroulement du jeu est assez simple. Au début du jeu on distribue 2 cartes au hasard à chaque joueur, qu’eux seuls connaissent. Au milieu de la table, 5 cartes sont progressivement dévoilées (3 cartes, puis une quatrième, puis une cinquième). Le jeu de chaque joueur est constitué des 5 meilleures cartes parmi les cartes situées au milieu de la table et ses 2 cartes personnelles.

A chaque tour de table, les joueurs ont 4 choix possible :

Checker : Ne rien miser et attendre le choix du prochain joueur. Si tous les joueurs checkent, le tour de table est terminé. Si l’un d’eux mise, votre seule alternative est de miser à votre tour ou d’abandonner le tour de table

Miser de l’argent : Rien de compliqué à comprendre

Surmiser : augmenter la mise du joueur précédent

Un tour de table ne s’arrête que lorsque tout le monde a misé une même somme d’argent. Par exemple si je mise 1 euro et que le joueur suivant sur-mise 2€, à la fin du tour de table, soit je remets 1€ sur la table, soit je dois abandonner la partie

Le poker n’est pas un jeu de hasard

Beaucoup de néophytes pensent que le poker est un jeu de hasard. Ne soyons pas hypocrite : il y a une part de hasard au poker. Selon que les 2 cartes que vous avez en main soient bonnes ou mauvaises, cela influencera vos probabilités de gagner.

Certes. Mais le hasard est le hasard, et en moyenne, le meilleur joueur du monde disposera du même jeu que le pire des joueurs du monde si vous voyez ce que je veux dire.

Le poker est avant tout un jeu de stratégie. 88% du temps, ce n’est pas le joueur qui a eu le plus de chance lors de la distribution initiale de carte qui va gagner.


Qualités du joueur de poker

Gagner au poker implique notamment :

Des connaissances en mathématiques

Si vous avez une paire, vous avez un jeu figurant à priori (je dis bien à priori) dans le Top 51% (paire de 2) au Top 14% (paire d’as initialement).

Par exemple, si à un moment donné, vous avez une paire de 8, votre jeu fait partie du Top 33%. Si vous jouez à 6 joueurs, vous avez donc (1-33%)^5 soit environ 13% de chances d’avoir le meilleur jeu de la table. Comme vous jouez à 6 joueurs, vos mises représentent 17% des mises (1/6) et vos chances de gain 13%.

Dans ce cas, vous avez deux possibilités :

– Vous coucher (statistiquement, vous avez une espérance négative)

– Bluffer, pour pouvoir remporter la partie. Je vais expliquer dans quelques instants ce que c’est

Des connaissances analytiques

Le point ci-dessus reste de la théorie. Vos chances de gagner dépendent de vos cartes mais aussi de celles de vos… adversaires. En fonction des cartes dévoilées sur la table, il vous faudra analyser quelles sont les opportunités pour vos adversaires de gagner. Par exemple s’il y a 4 cartes d’une même couleur sur la table et qu’un joueur ne cesse de sur-miser, peut-être qu’il a la 5ème carte de la même couleur (avoir 5 cartes de même couleur est un coup très fort au poker) ou peut-être simplement bluffe t-il et qu’il tente de vous faire croire qu’il a un bon jeu.

Bref, vous devez analyser le jeu des autres joueurs et les relier à leur psychologie. En effet, avoir un bon jeu au début ne signifie nullement que vous allez gagner (la réciproque est vraie)


Des connaissances en psychologie

Chaque joueur au poker a une psychologie différente, en fonction de son talent, de sa psychologie, de son aversion au risque… Il vous faudra analyser le comportement de vos amis en fonction de leur body language (sueur, clignement d’œil…) mais aussi en fonction de l’analyse mathématique que vous avez fait du jeu (vos chances de gagner, les coups qui sont susceptibles de sortir associé au comportement de chacun)..

Enfin, vous relierez ces deux aspects (calcul mathématique, analytique et analyse comportementale) à votre propre stratégie pour faire en sorte de pouvoir gagner. Le poker,  c’est finalement un peu comme une entreprise. Pour vendre, il faut analyser le terrain, mais aussi analyser la psychologie du consommateur et des concurrents.

Truc : Sur Internet, on dispose de moins d’informations sur les joueurs (on ne les voit pas) mais on peut disposer de davantage outils d’analyse de probabilités (rien ne vous interdit d’avoir Excel ou un petit logiciel à côté de vous). Cela change donc la manière de jouer…

Définir une stratégie cohérente

Le but du poker est très simple : maximiser vos gains lorsque vous gagnez et minimiser vos pertes lorsque vous perdez.  Si tout le monde sait que vous êtes un bluffer et que vous surmisez à chaque fois même si vous avez un mauvais jeu, cela ne marchera pas car certains voudront payer pour aller jusqu’à la fin de la partie et voir les cartes dont vous disposez.  A l’inverse, si votre réputation est celle d’être un calculateur froid, lorsque vous aurez un bon jeu, si vous commencez à miser un peu trop, personne ne vous suivra et donc vos gains seront minimes.

On le voit le but ici est de faire croire aux adversaires que vous avez un bon jeu (lorsque vous en avez un mauvais) pour qu’ils se couchent  et que vous remportiez la mise, ou à l’inverse de faire croire que votre jeu est un jeu quelconque (alors qu’il est génial) pour ne pas effrayer vos adversaires et leur laisser le temps de miser beaucoup de sous (sous-jouer).

Jouer au poker, c’est donc avoir une stratégie claire et assumée (money management, aversion au risque) mais faire en sorte que votre stratégie ne soit pas trop lisible face aux autres joueurs. Il ne faut donc pas être trop prévisible et savoir parfois accepter de perdre pour mieux gagner.

A noter : Un bon joueur de poker n’est pas celui qui ne perd jamais, c’est celui qui sait bien gérer le risque à l’image d’un assureur ou d’un entrepreneur. Il faut savoir perdre du moment que vos pertes sont inférieures à vos gains en moyenne. C’est comme un entrepreneur. Réussir n’est pas le contraire de l’échec, c’est simplement adopter une stratégie ou la gestion du risque est calculée et assumée.

Penser comme un riche, jouer comme un pauvre

Au poker il est souvent préférable d’être riche, car cela offre plein d’opportunités de faire des guerres psychologiques envers les joueurs pauvres, sans compter que cela permet de les faire sortir du jeu au fur et à mesure que les mises de base initiales obligatoires (blindes) augmentent.

Mais être riche pousse aussi à jouer bêtement. Cela m’est déjà arrivé en étant « riche » de tout perdre car je me sentais invulnérable et jouait tous les coups indépendamment de ma stratégie de contrôle de risques.

Alors que si vous êtes pauvres et à 1 coup de la faillite, chaque coup sera savamment calculé. Ce que vous n’avez pas dans le portefeuille, vous le développez en stratégie et en créativité. Si vous être risk lovers vous pouvez même bluffer selon un quitte ou double. Si vous faites tapis (miser la totalité de votre argent) et que vos amis connaissent votre réputation de bon joueur, cela peut jouer en votre faveur.

Bref, au poker comme dans la vraie vie, pensez comme un riche (soyez ambitieux, visez gros) mais jouez comme un pauvre. Un sou est un sou, ne l’oubliez jamais.

Jouer implique de la patience

Lorsque je m’étais entraîné à jouer sur Internet (et passé de 200€ à 600€ virtuels), j’acceptais parfois de passer une heure à « me coucher » car j’estimais mon jeu ou le comportement des joueurs en ma défaveur. J’acceptais de m’ennuyer durant une heure jusqu’au moment où je savais que mon jeu (ou ma possibilité de bluffer) était suffisamment bon pour pouvoir rafler la mise.

A l’instar de la bourse, de l’entreprise ou de la vraie vie, le poker implique d’être patient et inflexible. Les émotions n’ont aucune raison d’être au poker. Définissez une stratégie et respectez-la. Cela ne veut pas dire qu’il ne faut jamais changer de stratégie, mais simplement de savoir rester constant.

Le risque est malgré tout présent

Malgré tout ce que vous pouvez faire, vous ne pouvez jamais être sûr de gagner à 100% au poker. Il y a malgré tout une partie de chance, votre stratégie peut être inférieure à celle de vos adversaires, ou tout plein d’autres raisons du genre. Mais c’est ce qui fait la beauté du jeu au final.

Comme dans la vraie vie, il ne faut pas mettre tous les œufs dans le même panier au poker. N’investissez pas l’argent donc vous avez besoin pour payer votre loyer lors de votre prochaine partie de poker, et prévoyez un plan B si vous perdez…

Lire aussi: Risque ou sécurité il faut choisir


Conclusion

Le poker est un excellent jeu qui est une très bonne école de la vie et de management. Le poker implique notamment :

– Une période d’apprentissage (apprendre à jouer au poker)

– Faire des calculs mathématiques et statistiques

– Avoir une part de chance (être au bon endroit au bon moment)

– Faire des analyses comportementales suivant les bases de la psychologie, de la théorie des jeux, le langage non corporel…

– Être calme et persévérant

– Définir une stratégie en fonction de vos objectifs et de votre aversion au risque

– Accepter de perdre pour mieux gagner

– Possibilité de collusion entre joueurs ou de triche contre un autre joueur, comme dans la vraie vie (réseau et cartels sont possibles)

– Savoir ne pas mettre tous les œufs dans le même panier et avoir un plan B

Voilà cet article est désormais terminé. Que pensez-vous du poker texas hold’em ? Des jeux de carte en général ? Bonne journée à vous 😉

5 réponses

  1. SAlut Martin,

    La patience est la qualité que m’a appris le poker.

    C’est un jeu passionnant mais sans cette qualité, on peut dire adieu à toute espérance de gain.

    Tu aurais pu parler de la gestion de la bankroll qui est aussi primordiale pour gagner de l’argent sur le long terme.

    A+

  2. Nadège
    |

    Bonjour Martin,

    J’adore le poker et c’est vrai que c’est bien plus qu’un jeu de hasard ! La patience est une des qualités indispensable et celle qui fait le plus souvent défaut aux joueurs. Quand on joue en ligne en simulation il n’y a rien de plus énervant que les gens qui font tapis à chaque tour..

    Tu joues sur quel site ?

  3. William
    |

    L’outil principal du joueur de Poker c’est la maitrise de ses nerfs et de savoir gérer le risque! Sur Internet, l’avantage est que le jeu va en général plus vite, et on peut jouer sur plusieurs tables à la fois: cela permet de jouer beaucoup plus! ( et de gagner plus, si la stratégie est gagnante sur le long terme)

  4. Olivier
    |

    Le titre m’a un peu surpris quand même. Mettre dans une même phrase « poker » et « école », faut le faire !! :p

    Je trouve que le poker, c’est quand même un peu dangereux, facilement addictif. Surtout lorsqu’on commence à réellement miser..

  5. martin
    |

    @Julien: Effectivement, sans patience, on ne peut pas bien jouer au poker. C’est le manque de patience qui fait souvent perdre les joueurs débutants, qui veulent miser ou surmiser plutôt que de se coucher bien sagement pour attendre qu’une opportunité arrive, le moment venu.

    Quant à la bankroll tu as raison, désolé pour l’oubli. Après je parle de la gestion du risque malgré tout dans mon article. En tout cas merci pour ton retour d’expérience 🙂

    @Nadège: je jouais sur Everest Poker, non par choix calculé mais un peu hasard, même si j’ai essayé d’autres sites. Quand au tapis, pourquoi tu dis que cela est énervant? C’est un peu frustrant certes, mais si les joueurs font tapis à chaque tour, cela peut être l’occasion de gagner de jolies mises.

    @William: Je n’ai jamais joué sur plusieurs tables en même temps. Ce n’est pas trop compliqué d’arriver à suivre 2 jeux différents, mais aussi des proba différentes, des psychologies de joueurs différentes?

    @Olivier: J’ai mis « école de la vie » pas dans le sens école mais sur les qualité qu’impliquent de jouer au poker et qu’on peut apprendre. Des qualité pas seulement utile au poker mais aussi dans la vie de tous les jours et en entreprise. Concernant ton second point, effectivement, le poker est addictif, mais le bon joueur est celui qui mise de façon raisonnée (pas l’argent du loyer) et qui a une bonne gestion du risque. C’est comme les jeux vidéos ou l’alcool. Tout n’est qu’affaire de juste milieu…