Rien n’est jamais acquis

Dans la vie, rien n’est jamais acquis. Les stoïques l’avaient bien compris, puisque pour eux, on ne peut être heureux que ce qui dépend de nous. Autrement dit, mieux vaut ne pas être heureux d’être beau, ou en bonne santé ou riche.

Certes cela dépend partiellement de nous – celui qui mange bien,  fait du sport, et a une bonne stratégie a plus de chances d’être beau, riche et en bonne santé. Mais on ne contrôle pas tout : les maladies existent même chez les non-fumeurs, la crise peut frapper tout le monde, la beauté n’augmente pas avec le temps.

Le mieux pour accéder au bonheur : considérer que rien n’est jamais acquis et profiter l’instant présent, Carpe Diem comme dirait l’autre. (Lire aussi: La vie est une montagne russe)

Deux exemples : un axé business (on est sur candix donc bon) et un sur la famille.

Yahoo vs Google

Quand j’ai découvert Internet, en 1998, Google était juste un projet de deux étudiants dont personne ne connaissait (j’ai découvert Internet en automne 1998, Google a été créé en septembre 1998). A l’époque, on utilisait Yahoo !, Altavista. Pour acheter ou vendre sur Internet, on utilisait iBazar, et Caramail pour sa boîte email…

On le voit, cela a bien changé depuis. Pourquoi ? Yahoo !, sûr de son leadership, s’est contenté de son leadership, et n’a pas vu venir la révolution Google, qui au lieu de proposer un annuaire, proposait un moteur de recherche plus performant, et a révolutionné la publicité en ligne avec Adwords. On connait tous la suite.

Moralité : Ne jamais se croire invincible ou le maître du monde. Considérez toute personne, aussi insignifiante soit-elle, avec le respect qu’elle mérite. Acceptez de vous remettre en cause, évoluez, innovez.

Mariage

Beaucoup de gens pensent, en se mariant, qu’ils auront une femme ou un mari garantis pour s’occuper d’eux, un peu comme les gens qui achètent un labrador qui chaque soir nous accueillent en étant heureux et en remuant la queue (sans mauvais jeu de mot). Bilan : 50% de divorce. Et oui, entre les problèmes de communication (voir aussi American Beauty) ; d’argent, et la relâche poste-mariage – on s’habille un peu moins bien, on se rase moins, on fait moins attention à l’autre, pourquoi faire puisqu’on est marié – ce qui casse le glamour et entraîne la monotonie, les couples s’aiment moins.

En poussant le cynisme, je suis même étonné qu’il n’y ait que 50% de divorce. Enfin, pas étonné car je pense qu’une partie des gens ne divorcent pas pour rester normal socialement (1 pavillon à crédit + 1 monospace + papa, maman, 2 gosses et le labrador) et pour des raisons alimentaires (le salaire médian n’est que de 1500€ net par mois).

Il n’y a qu’à voir : des couples souriants, je n’en vois pas des tonnes dans la rue. Une fatalité ? Pas du tout.

Il suffit de considérer son mari ou sa femme comme quelque chose qui ne nous est pas acquis. Une solution simple consiste à ne pas se marier. Puisqu’il est facile pour chacun de partir quand bon lui semble (pas d’avocat, pas de procès…), chacun fera en sorte de séduire l’autre au quotidien puisqu’aucun n’est acquis à l’autre. Chacun étant un challenge pour l’autre, cela met du piquant dans le couple.

Après tout, soyons lucide : le mariage, à part la protection des gamins, ce n’est qu’un type (appelé maire) qui tend un bout de papier et un stylo pour que deux personnes (appelés couple) signent leur nom et soient déclarés mariés. En gros, le mariage est le nom donné à un contrat de reconnaissance morale de s’entraider mutuellement tout au long de la vie, avec close terminatoire possible (appelé le divorce).

Alors, le mariage pourquoi pas si on est vraiment sûr de la personne (ce qui est au fond impossible), mais ne considérez pas votre conjoint comme acquis, pas plus que votre travail, que votre santé (votre vie aussi), votre voiture… Faites ce que vous pouvez, alea jacta est, savourez l’instant présent, et développez ce qui dépend de vous et qui n’est pas achetable selon Mastercard :

–  L’amitié

–  L’amour

–  Un foyer

–  La culture

–  L’ouverture d’esprit

Plutôt sympa non ?

9 réponses

  1. Mademoiselle S
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    Je ne pense pas que ce soit le mariage qui puisse tué le couple, mais plutôt la routine, le train-train quotidien …
    🙁
    Autrefois le mariage vait un rôle social et économique, il ne reposait pas sur les sentiments, on se mariait pour des questions de patrimoine, de convenances sociales … aujourd’hui le mariage repose sur l’amour.
    La donne à changée, l’amour peut être fugace et ne durer que ce que durent les roses, ou bien tout une vie … nul ne le sait …
    😉

  2. martin
    |

    Je suis d’accord avec toi, mais je pense que le mariage induit la routine, puisque chacun considère l’autre comme un du. Je ne peux en être sûr, mais quand j’en discute avec ma famille, ou ma copine avec ses amies, la plupart disent qu’elles étaient plus heureuses avant d’être mariées. Après, le mariage reste utile, pour les personnes croyantes, protéger les enfants, et dirais-je cyniquement, pour des raisons fiscales.

    Mais je ne peux m’empêcher de penser que le mariage demeure une sorte de rite d’un autre âge conçu à une époque où la contraception n’était pas fiable ou inexistante, et était le seul moyen d’éviter que les gens aillent a gauche a droite et d’avoir des tonnes de gamins sans parents attitrés abandonnés.

    Sans compter tous les paramètres politiques et économiques dont tu parles: réconcilier deux familles, agrandir des terres… L’exemple type: un noble pauvre qui épousait un riche marchand. le riche marchand était anobli, le noble pauvre s’enrichissait. Reconnaissance sociale vs contrainte alimentaire.

    De ce point de vue, je suis heureux de vivre à l’époque de mariage d’amour. Et je sais plus qui me disait ca, mais ma copine est d’accord avec ca: « l’amour ne dure qu’un temps, mais l’amitié reste. le mieux: épouser son meilleur copain/sa meilleure copine ». Qu’en penses-tu?

    • Mademoiselle S
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      Sans entrer dans des détails trop perso, je suis une fille exigeante, j’ai mis des années avant d’accepter de vivre en couple avec un homme sous le même toit … je voulais être sûre de mon choix de mes sentiments …
      Et il se trouve en effet que mon compagnon est non seulement l’homme que j’aime mais se révèle être aussi mon ami : on s’aime mais on peut « délirer comme deux potes ».
      Je suis d’accord pour qu’un couple dure il faut de l’amour, mais aussi de l’amitié … certains penseurs sont d’accord avec cette notion : la passion ne dure qu’un temps l’amour/amitié dure toute une vie.
      🙂

      • Martin
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        Ravi d’être d’accord avec toi. Pour ne pas avoir été aussi exigeant que toi, j’ai vécu avec une fille sans grands sentiments, ce que j’ai regretté apres coup, mais qui me permet de prendre conscience des qualités de ma copine actuelle…

        Mais je ne vivrai avec quelqu’un que si c’est vraiment sérieux, en prenant plus de temps de réflexion désormais.

  3. Neo
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    Excellent post Martin!

    Je pense en revanche que l’une des causes de l’échec du mariage de nos jours est l’excès de liberté. je m’explique :

    Dans les pays du tiers-monde d’où je viens, les taux de divorces atteignent à peine 5%. Pourquoi ? Parce qu’avec le progrès techniques, la société accidentale a aussi gagné en liberté (plus de Dieu, plus de Roi… bref, Vivre l’Homme Libre). Qui dit liberté dit plus de choix… même dans le choix du partenaire. Et qui dit plus de choix, dit également plus d’insatisfaction lié aux choix. La valeur que nous donnons aux choses dépend de ce à quoi on les compare. S’il y a de nombreuses alternatives, il est facile d’imaginer les bons côtés des possibilités qu’on a rejetées et nous rendre moins satisfaits des alternatives que nous avons choisies.

    Dans les cultures traditionnelles, on ne divorce pas parce qu’on se dit que de toute façon, il n’y a pas forcément mieux, et que après tout, il est préférable de bien choisir son partenaire au départ et rester pour le meilleur et pour le pire plutot que de choisir à la légère (en se disant qu’après tout, on divorcera au premier orage).

  4. martin
    |

    Merci Neo 🙂

    Tout à fait. Ton analyse est juste. Plus de religion, plus de roi, plus de communisme… une hyper-consommation qui se retrouvent dans les relations – on prend, on jette – avec une quête d’éternelle jeunesse à coup de botox pour alimenter les labos pharmaceutiques.

    Plus sérieusement, les questions qu’on se pose ne sont pas les mêmes – voir maslow. Si on est meurt de faim, sa seule préoccupation est sans doute comment faire pour manger. Si on a de quoi manger, comment économiser pour l’avenir des gosses. Si on est plus riche, comment se payer ses vacances. Si on peut déjà tout se payer, comment trouver le bonheur…

    En gros, étant gâtés, on devient plus exigent. Allié à une hyperconsommation – même dans les relations – la fin des préjugés religieux liés à la pilule contraceptive et une psychologie de base – l’herbe est plus verte chez le voisin – cela explique en effet les divorces plus élevés chez les riches.

    Même en france, on s’en rend compte: les riches divorcent plus, car sont plus exigents, mais ont plus de moyens de divorcer. Les pauvres, qui ne peuvent payer 2 loyers ou l’avocat, restent davantage ensemble.

    Ceci étant, si le divorce est a mon avis bien, il ne faut pas en abuser et savoir aussi faire des concessions (pour éviter le copain/copine jetable). Et ailleurs, ce n’est pas toujours mieux en effet.

  5. sam@chansons-paroles.com
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    « Il n’y a qu’à voir : des couples souriants, je n’en vois pas des tonnes dans la rue. Une fatalité ? Pas du tout. »
    Cela me fait penser au film 99fr, sauf que dans ce cas, le cynisme est pousse dans son extrême… puisque l’on peut alors tout acheter et que dans ce cas, ce qui l’est ne le reste que si on a l’argent pour.

    Pour en revenir aux exemples, on pourrait citer ceux de tout produit issu de la civilisation donc la civilisation elle-même.

    Expansion-Apogée-Déclin

    Notre vie elle-même peut se résumer ainsi d’ailleurs, une courbe en cloche.

  6. fabrice
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    Cela me fait penser à un couple qui durait grâce à un système pour le moins original:
    Tous les ans, ils faisaient le point et se décidaient pour continuer encore un an. Ainsi, rien n’étais acquis, des cdd reconductibles quoi:-)

  7. martin
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    Je suis d’accord sur les deux points.