Eloge de la lenteur

Je viens de regarder la vidéo « l’Argent dette 2 » de Paul Grignon, une magnifique vidéo qui mérite largement d’y passer une heure à la regarder – j’y ai davantage appris en une heure qu’en une année de cours de finance. Je vous conseille de regarder la vidéo suivante pour vous faire votre propre idée

Cela me renforce dans mon idée que le bonheur, c’est d’arrêter d’en vouloir toujours plus, et d’apprendre à se contenter de peu, de reconnaitre le vrai bonheur, comme je l’évoquais déjà dans « Être ou avoir ». Comme le rappelle Philippe dans « le temps c’est plus que de l’argent » sur Esprit-Riche.com, le temps ne se récupère pas et est une ressource limitée, au contraire de l’argent, qui n’a aucune limite possible. Le temps est la vraie richesse : on peut toujours se réenrichir, on peut toujours payer un prostituée ou un chirurgien esthétique, on n’achète ni l’amour, ni la jeunesse. A quoi bon sacrifier sa vie pour finir le plus riche du cimetière ?

J’ai repris pleinement conscience de cette vérité lorsque j’ai réalisé tranquillement une petite promenade de 40 km en vélo sur les routes du Kentucky. C’est un loisir qui ne coûte rien – a part un peu d’entretien du vélo de temps en temps – où je me sens libre, qui ne pollue pas, et où je prends le temps d’admirer les paysages, les oiseaux migrateurs voler dans le ciel, les chevaux courir dans les champs et les rivières couler (je n’ai pas pris de photos pour illustrer, sorry).

Et la, je me suis dit : « au moment où je pédale tranquillement dans la campagne du Kentucky, complètement libre, des millions de gens triment en entreprise, pour quoi faire ? Avoir une maigre paye et se faire tout extorquer en factures, en emprunts ? Bref, une sorte d’esclavagisme des temps modernes.

Ayant la chance d’avoir un train de vie supérieur à un smicard en ne travaillant que 2 à 4 heures/jour : sans stress, sans bruit, sans patron, sans temps de transport, quand je veux sur ce que je veux, n’est-ce pas quelque chose de plutôt agréable?

Pourquoi toujours courir pour aller au travail, puis courir voir ses amis sans prendre le temps de les connaître vraiment, avant de courir en fonçant sur l’autoroute pour aller en vacances et connaître les bouchons, tout ça pour avoir un ulcère à 40 ou 50 ans ? Pour avoir un compte en banque bien rempli ? Mais pourquoi faire ?

Mais c’est dur de résister à la pression ambiante.

Le meilleur des mondes

Aldoux Huxley dans « Le meilleur des mondes », décrit une dictature parfaite, qui n’a rien d’un roman de science fiction mais est une simple description des démocraties occidentales actuelles :

–          La séparation de la société en castes. C’est tout à fait le cas dans nos sociétés. Les alphas constituent l’élite dirigeante. Les bêtas sont les travailleurs qualifiés (middle class occidentales), les gammas les classes populaires (les travailleurs non qualifiés) et les delta et les epsilon sont les classes inférieures (pays pauvres exploités par les alphas)

–  Chacun est conditionné pour croire que sa situation est idéale  (n’est-ce pas le cas avec les chaînes de TV ? Vive le formatage par le système éducatif qui forme des employés modèles bons élèves!) et en cas de déprime, il suffit de prendre un petit coup de soma, la drogue parfaite qui n’a aucun effet secondaire. Une version évoluée des antidépresseurs, domaine où les français sont champions ?

–  Il faut consommer. Chaque nouveau produit doit nécessiter plus de consommation que le produit qu’il remplace. Marcher dans la campagne est inconcevable – cela ne permet pas de consommer – il faut créer le besoin, travailler et consommer.  Tout doit être utilitaire, même l’Homme, puisque les Hommes doivent ne vivre que 60 ans pour ne pas devenir improductif, et leurs organes sont réutilisés, sans demander l’avis à leur famille.

Il faut consommer. « Je consomme donc je suis » aurait pu dire Descartes s’il revenait à la vie.

Pourquoi consommer ?

Pourquoi vouloir toujours consommer plus ? Cela rend-t-il plus heureux ? J’ai une vieille voiture de 10 ans d’âge que j’ai acheté 1600 euros. Certains la revendraient pour en acheter une plus moderne. Whatfor ? Elle marche très bien, elle ne consomme pas plus qu’une autre. L’année prochaine, je travaille. Quel genre d’appartement je choisirai ? Un studio d’étudiant. Si j’ai un bon boulot, je pourrais me payer un F2 ou F3, mais pourquoi faire ?

Je suis actuellement étudiant, les poches désespérément vides à cause de mes voyages (qui ont le mérite toutefois de me permettre de créer des sites sur les voyages), je vis dans un petit studio – avec piscine extérieure, mon seul luxe – à 300 euros/mois. Je mange pour pas cher mais plutôt équilibré plutôt que d’acheter des plats tous faits.

Cet été, au lieu de trimer comme une bête pour gagner 8 euro de l’heure et nourrir les sociétés d’autoroutes qui nous considèrent comme des vaches à lait lors de mon voyage en Italie,  je ne roulerai en majorité que sur des petites nationales :

–  C’est moins cher en péage

–  La voiture consomme moins : moins de pollution, moins cher (moins d’essence)

Et puis, rouler sur des routes nationales en Italie, en prenant le temps de découvrir la campagne Toscane ou la baie de Naples, ça n’a pas de prix. Quel intérêt à foncer sur des grandes lignes droites, que ce soit sur autoroute ou dans la vie ?

De même, j’ai un téléphone minable quand tous mes amis ont le dernier iPhone 4GS. Je me laisserai sans doute succomber un jour ou l’autre, mais cela me rendra-t-il plus heureux ? Ce que je sais, c’est que ca me reviendra cher, or, le temps étant de l’argent (Time is money), cela signifie qu’avoir un iPhone, c’est avoir moins de temps à passer avec sa femme, ses enfants, ses amis, à prendre le temps de nourrir des canards sur un lac avec du pain dur… Bref, remplacer des interactions sociales réelles par des interactions sociales fictives : téléphoner n’est jamais que parler dans une petite boîte métallique n’est-ce pas ?

Quand j’y pense, je n’ai pas beaucoup d’argent, je n’achète pas beaucoup d’habits – moins de 100€ en une année – j’ai une vieille voiture, j’ai un téléphone premier prix. Mais j’ai une copine que j’adore, je vis mes passions – voyage, écriture – à fond. J’ai la santé et la jeunesse. N’est-ce pas ça le vrai bonheur ? Pourquoi devrais-je travailler plus et avoir plus de stress et moins de temps libre ? Le jeu n’en vaut pas la chandelle.

Je ne veux pas contribuer à quelque chose que je ne crois pas. Du coup, je pense, si on retient ma candidature, travailler dans du webmarketing avec une boîte avec laquelle je bosse déjà en partenariat avec mes sites. Une boîte très internationale,  avec des Espagnols, des français, des anglais et des allemands, à faire un boulot que j’adore. Je serai plus heureux avec ce job qu’en gagnant 3 fois plus avec le stress et le costard cravate à la défense.

Je continuerai de vivre comme un étudiant avec un budget étudiant mais un revenu de cadre. La différence me permettra de rembourser mes dettes – emprunt étudiant… – le plus rapidement possible, pour ensuite pouvoir épargner un peu et préparer mon avenir,  faire plaisir à mes proches, voyager et financer un tour du monde.

Conclusion

Prenez le temps d’écouter les oiseaux chanter, d’admirer un écureuil grimper dans un arbre avec dextérité. De dire bonjour aux passants ou à vos voisins. Prenez le temps de cuisiner, de faire une sieste, de conduire doucement – c’est moins dangereux, moins cher et ça pollue moins. Prenez le temps de moins consommer, de bricoler ou de fabriquer par vous-même. Le temps d’entraider votre voisin ou de jouer avec vos enfants – a quoi ca sert d’avoir des enfants si c’est pour rentrer tard le soir et devoir payer une baby sitter et ne jamais les voir a part 2 jours par semaine et 5 semaines par an ?

Prenez le temps de vivre, de prendre du temps pour soi. Le bonheur est à votre portée, comme je le rappelle, au travers de la métaphore du Mexicain. Prenez le temps d’être lent. Être lent ne signifie pas être feignant, mais cesser de courir le futile pour vivre l’instant présent.

Carpe Diem, disait déjà Epictète durant l’antiquité.