Comprendre la complexité des problèmes

Il y a quelques jours, je suis tombé sur un forum (j’ai oublié l’URL j’en suis désolé) en relation sur les études, débattant sur le rôle principal des études, notamment des études en psychologie. La psychologie est quelque chose d’extrêmement enrichissant d’un point de vue personnel, j’adore lire des choses relatifs à la psycho, mais soyons honnêtes : si la psycho est utile d’un point de vue personnel ou allié à d’autres compétences (un manager ayant étudié la psycho aura plus d’empathie, de charisme…), le nombre d’emplois de psychologues à proprement parler est faible (voir les chiffres sur Rue89). Il faut donc pour étudier la psychologie prévoir un plan B dès le départ, une voix de sortie (double cursus…) pour ne pas sortir désabuser sans emplois…

Être pragmatique

Or, lorsque ce genre d’arguments sont dit, à savoir que les étudiants devraient choisir leurs études en fonction des offres d’emplois, certains disent : « Les études c’est fait pour s’enrichir culturellement, ce n’est pas une antichambre du patronat français », pourquoi j’étudierai autre chose si je veux étudier telle ou telle matière ? Quand d’autres disent : « c’est bien de se cultiver, mais bon il faut être pragmatique avant tout et choisir des études qui permettront de payer ses factures par la suite » et puis « c’est bien gentil de faire des études juste à titre personnel quand on sait que ça coûte 10 000€ par étudiant et par an. Dans ce cas on vous offre Disneyland » ?

La réponse est entre les 2 : les études ne sont pas Disneyland, mais il faut tout de même sortir des idéologies et être pragmatique : oui il faut penser à sa sortie avant de commencer une filière d’études supérieure. Non je suis contre le prix exorbitant des facs aux USA, mais faire payer un peu (500-1000€ par an) et faire un petit tri au début (entretien de motivation, QCM…) permettrait de faire un peu de tri et de ne garder que les motivés.

Comprendre le fond des problèmes comme un tout

Pour en revenir à la psycho, certains disaient : il y a trop de psychologues. D’autres disaient : pas du tout, vous avez vu le nombre de malheureux en France (nous sommes recordman de la consommation d’antidépresseurs). Cette discussion, d’un niveau intellectuel proche des discussions de comptoirs, montre que les gens n’ont rien compris au problème. Je ne pense pas avoir compris plus, mais au moins, j’ai le mérite de voir qu’un problème est plus compliqué qu’il n’en parait.

A la question : « Y-a-t-il trop de psychologues ou d’étudiants en psychologie », voici quelques points de réflexion à mener :

1)      Combien de postes de psychologues seront créés ces prochaines années ?

Combien de personnes partent à la retraite ? Le nombre de psychologues augmente ou pas ? Le nombre de postes à créé est : Départ en retraite + variation du nombre de psy. Les universités devraient être obligées, légalement, à indiquer ce genre de données sur leur plaquette (ainsi que le salaire de sortie, mais c’est une autre question)

2)      Les gens sont malheureux. Cela signifie-t-il qu’on a besoin de plus de psychologues ?

Avoir besoin de plus de psy signifie que les psy sont en nombre insuffisant pour couvrir la demande. Est-ce le cas ? Peut-être, peut-être pas, je n’en sais rien. Mais c’est une question à se poser. Peut-être y-a-til trop de psys à un endroit et pas assez à un autre ? Peut-être que certains sont malheureux mais n’osent pas ou n’ont pas assez d’argent pour aller voir un psy. Cela pose d’autres problèmes – barrière culturelle, financière – mais montre que la question n’est pas simple.

3)      Qui va payer pour les psys ?

Rebondissant sur le point précédent, si on embauche plus de psys ? Qui va payer ? Le client, dans un contexte de pouvoir d’achat ? L’Etat, surendetté ? Ou on demande aux psys de baisser leurs tarifs, mais quid des conditions de travail des psys ? Un problème à se poser.

4)      Les psys sont-ils efficaces pour tous ty?

Les psys aident-ils les gens à aller mieux ? C’est une question à se poser. Même si les gens sont malheureux, qu’on augmente le nombre de psys et qu’on les rend accessible à tous, cela suffira t-il à résoudre tous les problèmes ? Sans doute certains, mais pas tous.

5)      N’y a-t-il pas d’autres solutions

Les psys sont sans doute efficace, mais est-ce l’unique solution ? Le yoga, le développement personnel, le sport sont sans doute d’autres façons d’aller mieux sans recourir au psy ou aux anti-dépresseurs. La question sur les psys (trop ? pas assez ?) nécessite donc de faire une étude qualitative et quantitative pour voir si on ne peut pas trouver mieux pour moins cher pour certaines personnes. Il faut donc voir large et « think out of the box ».

6)      Prévenir plutôt que guérir

Si les gens sont malheureux, on peut les aider à aller mieux (psy, sport, yoga…) à condition déjà qu’ils le veulent, or nombre de gens sont passifs et ne se motivent pas pour aller mieux. Par ailleurs, tous ces remèdes sont des médicaments pour soigner la maladie (déprime…). Le mieux comme dans tout est de prévenir la maladie. La question sur le malheur et sur les psychologue, n’est-ce pas une façon de détourner la question principale, qui est la responsabilité des décideurs dans les choix politiques et économiques ? En instaurant une flexsécurité à la Danoise, les gens auraient déjà bien moins peur du chômage (90% de leur salaire payé pendant le chômage) et le chômage reculerait.

Le système scolaire compétitif, mettant de côté 150 000 jeunes tous les ans, ne pourrait pas être réformé à la Finlandaise, où l’école, avec moins de moyens, obtient de bien meilleurs résultats ? Avec de meilleurs résultats éducatifs, on aurait des gens plus épanouis, ayant des meilleurs jobs…

Conclusion

La question sur les psys est beaucoup plus compliquée qu’elle en a l’air. Elle nécessite de se poser les vraies questions (étude de la demande, étude de la concurrence, accès aux soins, étude de la performance…) qui sont difficile à répondre. Elle implique également des questions politiques, donc sociales (les gens sont-ils prêts à changer de société) et des modèles de société…

Dans la vie comme dans le business, voyez une question non comme un élément isolé avec une réponse de type « Oui, mais » ou « Non, mais », mais comme un écosystème où chaque élément affecte les autres, où la question en question est imbriquée dans d’autres questions et où il faut faire attention aux réponses trop rapides ou trop simples car toute question a un niveau de complexité souvent insoupçonné. Les questions doivent se poser en tant qu’insérées comme un système global, comme je l’évoquai déjà dans l’article « comprendre le fond d’un problème ».

Note personnelle: C’est au cours de mon MBA que j’ai pleinement pris conscience de ça, du fait que tout est lié, et de l’importance du processus…

Des questions ? Des remarques ?

2 réponses

  1. DavidB_riche-et-heureux.fr
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    >> Y-a-t-il trop de psychologues ou d’étudiants en psychologie »

    La vraie question serait plutôt : « servent-ils à quelque chose ? » 😉

  2. Martin
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    Je l’ai évoqué dans les points 4 et 5. Que pense tu de l’article? C’est comme pour l’écologie, j’ai réfléchi au problème du pétrole. on nous bassine souvent sur les voitures hybrides, mais ce n’est qu’un des nombreux leviers pour baisser la demande en carburant puisque la consommation en carburant depend de:

    a) La population
    b) Le besoin de transports (étalement urbain…)
    c) Le % de besoins assouvis (prix des carburants)
    d) La part des besoins lié à la voiture
    e) Le taux de remplissage des voitures
    f) Le rendement de la voiture (poids, moteur)
    g) Le style de conduite
    h) Le type de carburant utilisé
    i) Le rendement de la filière pétrole: prospection, transport, raffinage

    Pourquoi ne voir que la consommaion des véhicules alors qu’il y a plein d’autres elviers possibles? Repenser l’urbanisme, augmenter le prix du carburant, inciter au covoiturage (obligation de payer pour avoir le droit de rouler seul aux heures de pointe, ou voie réservées aux covoitureurs), télétravail, eco-conduite, le développement de transport en commun…

    Mais démagogiquement, c’est plaisant de ne taper que sur les pétroliers, et économiquement, c’est plaisant de dire aux gens de remplacer leur voiture par une très chere voiture hybride quand d’autres leviers existent.