Chronique des USA

Posté dans : Amér. Nord, Voyager | 8

Ayant demandé un feedback lors du mini-bilan de mi-janvier auprès de mes visiteurs, Fabrice, premier ou second plus grand commentateur sur ce blog en concurrence directe avec Livret A, m’a suggéré que je vous raconte mon « expérience d’étudiant aux US (avec plein d’anecdotes croustillantes) ». Je ne peux vous garantir de la régularité des articles, car si certaines semaines sont riche en évènements, d’autres ne le sont pas. Je vais juste reprendre un petit article posté sur Decouverte-Usa.com et retravaillée pour être aux « normes éditoriales » de ce blog.

Chronique des USA

Après mon aventure en Pologne, j’ai vu à l’aéroport de Wroclaw comme le montre la photo suivante que la culture US s’exporte partout, ici un Jack Daniel’s (USA) Cola (USA), acheté 10 zlotys (2,50 euros)

Comme je vous le disais, retour pour les USA.J’arrive une semaine en retard (la rentrée était le 2 janvier, mon avion était le 8), histoire de voir plus mes amis, ma copine et ma famille, et économiser 300 euros sur le billet d’avion. J’ai manqué un partiel le vendredi, la session de rattrapage a lieu mardi. En 2 jours, il est vrai aidé par des amis, j’ai obtenu la note médiane de ma classe, soit 42/50 et 80/100. Comme quoi Pareto quand il est bien utilisé, allié à des amis qui m’ont bien briefé sur le partiel (importance du réseau) m’a permis, en 2 jours de travail, de faire mieux que 50% des Américains en 5 jours de travail et de cours.

Cours au MBA : La pratique, c’est mieux que la théorie

Les 2 semaines après mon arrivée, un consultant d’une firme de consulting Lean Cor nous enseigne le principe du Lean management et de 6 sigmas, une méthode d’amélioration de qualité en guise d’introduction du module de « Supply Chain Management ». Plutôt que de faire de long blabla ennuyant cours théoriques, aux cours s’ajoutent de nombreux exercices pratiques. Par exemple, on est censé incarner Airborne Inc., un fabriquant d’avion. On nous demande de fabriquer des avions en papier avec un cahier des charges précis : couleur de l’avion, trombone sur chaque aile, étoile dorée à l’avant… Un type joue le rôle du client et annonce toutes les 5 secondes la couleur d’un nouvel avion qu’il veut. A l’équipe de suivre…

Le début est catastrophique : 18 secondes par avion (quand le client en a besoin d’1 toutes les 5 secondes), certains sont débordés de boulot, d’autres n’ont rien à faire… Le but : voir le concept de goulot d’étranglement, réfléchir à une ligne de production plus efficace, limiter le transport, le besoin de stocks… (lors de la seconde simulation, le rythme de production est 2 fois plus élevé malgré un cahier des charges plus lourd de la part du client).

Week-end entre amis

Samedi dernier, je suis allé voir mon premier match de basket aux USA. Le match a lieu dans le stade de basket universitaire (23 000 places) voir l’équipe University of Kentucky (une des 10 meilleures équipes des USA) contre LSU (Lousiana State University). Cela se finit en carnage en faveur de UK : 82-44. UK est en train de réaliser la 3ème plus longue série de victoire de matchs à domicile de l’histoire du basket aux USA, soit si je me trompe pas 23 victoires consécutives.

Le show est très bon : il y a les pom-pom girl, l’orchestre symphonique qui joue pour mettre de l’ambiance, la mascotte de l’équipe (un gros chat sauvage). Seul manque le feu d’artifice car le match a lieu à l’intérieur. Quelques feux d’artifices sont tirés lorsque l’équipe de foot marque (match en plein air). Une petite vidéo pour vous montrer ce qu’est du basket aux USA (by James LeBron)

Le marketing est rondement mené : pour avoir une place, comme la demande est supérieure à l’offre, il y a une loterie (5 dollars pour les étudiants). Les meilleures places sont plus chères, et un ami m’a indiqué que pour les meilleures des meilleures places, UK demande aux acheteurs de ces places de donner à l’université : bourses, donations à la bibliothèque, à tel ou telle college. Il m’a indiqué un prix de 100 000 dollars pour les meilleures places. Un bon exemple d’utilisation du price skimming pour maximiser les revenus de l’université pour maximiser ses revenus, université qui n’est pourtant pas pauvre.

University of Kentucky

University of Kentucky, c’est un mastodonte de 25 000 étudiants, qui possède aussi le plus gros hôpital de la ville, des équipements sportifs hors norme (stade de foot de 70 000 places, basket 23 000 places, piscine olympique…), de l’immobilier (nombreuses résidences étudiantes), une banque, une police du campus, un réseau de bus, une chaîne TV, une centrale électrique (au charbon) pour alimenter l’université en énergie, une bibliothèque de 3 hectares…

Plus grande bibliothèque de mon université. Elle fait 33 000m² et contient 1,2 millions de livres

Stade universitaire. 70 000 places (Stade des princes: 45 000)

Entre les frais de scolarité, d’hospitalisation, les dons, l’argent public, les revenus des matchs des équipes universitaires (70 000 personnes à 46 dollars la place par match de foot sauf pour les étudiants, 5 dollars, une fois toutes les 2 semaines, je vous laisse calculer), et les ventes de produits aux couleurs de l’université (on peut acheter des plaques d’immatriculation UK, des habits UK dans tous les supermarchés et stations services alentours),  l’université disposerait d’un budget de 2,5 milliards de dollars par an (source : UK) et de 700 millions de réserves (endownment). Côtés emplois, l’université embauche 12 000 salariés (pour une ville de 260 000 habitants, je vous laisse imaginer…)

Les américains sont bons pour le marketing… à tous niveaux (et les universités USA sont énormes…)

Quelques petits exemples de marketing version US

Dans le stade de basketball, un panneau en grand est affiché dans les toilettes pour Homme, indiquant que 55% seulement se lavent les mains après aller aux toilettes. Une technique marketing connue pour faire honte aux 45% restants, surtout que les 55% vont porter attention aux autres pour savoir s’ils se lavent les mains ou pas… Le marketing au service de l’hygiène, pourquoi pas ?


Pragmatisme américain à l’état pur

Plus tard, au milieu du match, je vois 2 étudiantes porter une bannière avec le logo Q de Qdoba, un restaurant Mexicain récemment implanté. Puis ils distribuent de gros papiers aux spectateurs. D’un côté : « Go cats » (allez les chats sauvages, surnom des équipes de l’université), de l’autre, une pub très sobre pour Qdoba (qu’on voit bien quand on tend son papier pour soutenir son équipe préférée…) avec non pas une promotion, mais un plat gratuit avec le coupon si on achète un simple coca.

Un coup marketing rondement mené : les fans apprécient leur engagement, ils ont le courage de proposer un repas pas moins cher, mais gratuit, enfin presque (sauf le coca) donnant envie d’essayer. Et quoi de mieux qu’un stade de 23 000 personnes remplies de nombreux étudiants pour promouvoir un resto mexicain type fast-food ? D’autres restos profitent de l’engouement sportif pour proposer la bière à 1$ le verre, avec un prix dégressif si l’équipe locale joue très bien.

Hugh Jass Burger (mon bar préféré, et vous allez comprendre pourquoi)

Dernier exemple marketing : ce même bar (Hugh Jass Burger) propose des bières pas chères (5$ le pichet, soit avec le pourboire de 20% réglementaire, 0,90€ le demi de Bud Light), un bon moyen d’attirer les étudiants et d’avoir du volume. 2 semaines après ouverture, le bar était déjà plein à craquer (dont moi, venant 2 à 3 fois par soir au début). Lorsqu’ils sont affamés, ils achètent les gros burgers de 220 grammes de viande moyennant 8 à 10 dollars le burger. Un produit plus cher auprès d’une clientèle d’habitués et captifs (avec le pichet de bière…). Un gros burger de 1,2 kg de viande est vendu 19 dollars. Celui qui le mange en moins de 30 minutes a droit à son nom dans l’enseigne et les 19 dollars lui sont remboursés (un ami qui a essayé, m’a dit que sur 88 personnes ayant essayé avant, 3 seulement ont réussi). De quoi créer le spectacle… et donner une image cool au bar. De même, lors d’un match de la fac locale, un numéro est donné à chaque client, et à chaque but marqué, un numéro est tiré au hasard et le porteur du numéro a droit à une bière gratuite.

Ils sont très fort les Américains.

Pour me suivre: Decouverte-Usa.com

8 réponses

  1. DavidB_riche-et-heureux.fr
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    Très chouette cet article !
    Gaffe à ton cholestérol et ton tour de taille quand même… 😉

  2. Martin
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    Non ca va je cuisine, j’ai pas prix un kilo depuis. Content que ca te plaise, david, tu deviens quoi depuis tout ce temps?

  3. Fabrice
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    Merci Martin pour cette première chronique Made In USA.
    Un vrai plaisir à lire.
    Personnellement je suis fan de sport et quand je vois qu’une université à un stade de basket de 23 000 places et un stade de Foot US de 70 000 places j’hallucine.
    Ils ne vivent pas dans le même monde que nous.
    Et comme tu le dis, cela permet de générer des revenus conséquents dont une partie peut être utilisée pour développer l’Université.

    Ce billet m’a bien donné la pêche pour préparer mon voyage dans l’Ouest cet été 🙂

  4. Jérémy
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    Waouh, y’a des concepts marketing de malade là-dedans !! Des trucs qui feraient fureur en France si on les importait !! Excellent ce billet Martin, j’en veux d’autres 😀 !!

  5. Martin
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    De rien 🙂 Pour le stade de basketball, un ami m’a indiqué qu’ils sont en train d’en construire un nouveau, plus grand et plus moderne, pour répondre à la demande…

    Oui ils adorent le sport, tu aimerais bien. La veille des matchs de foot, des gens qui viennent de loin installent leur camping car (des bus de 55 places transformés en camping car!!!) et commencent à faire la fête. En début d’apres midi, 4 heures avant, des milliers de jeunes commencent à faire la fête en plein air… Regarde cette photo:

    http://www.decouverte-usa.com/images-articles/tailgate-lexington.jpg

    et

    http://www.decouverte-usa.com/images-articles/jonhson-center-lexington-2.jpg

    C’est la photo de la salle de muscu pour les étudiants, j’ai halluciné la première fois.

    La contrepartie, c’est qu’il n’y a pas grand chose en dehors de la fac, à part les mall commerciaux et les cinémas…

    Quand aux revenus, oui l’université s’en sort tres bien surtout que les joueurs, étudiants, ne sont jamais payés dans les facs US, même s’ils ont de nombreux avantages: logement et nourriture gratuit, scolarité gratuite, voyages, argent de poche… sans compter la pub que ça fait auprès des lycéens pour les inciter à y étudier…

    OK bon courage pour ta préparation 🙂

    @ Jeremy: oui, c’est l’avantage (et l’inconvénient). Car du coup, les endroits perdent un peu leur « âme », puisque tout à l’air bien pensé… C’est un peu la différence bistro parisien/starbucks coffee…

    Et oui, le marketing est présent partout. J’ai vu une pub de mon université à la TV par exemple. A Chicago, les gratte-ciel se faisant concurrence pour attirer le plus de touriste, le plus haut gratte ciel de la ville (Willis Tower), qui a une vue un peu moins sympa que Hancock center, a installé une petite plate forme au dessus du vide, une idée simple qui a attiré (dont moi) des milliers de visiteurs voulant se donner la trouille à voir la ville 103 étages sous leurs pieds… Un petit truc bien pensé, encore une fois 😉

  6. Martin
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    Oui pas mal. Et avec leur marketing bien pensé – photo souvenir – j’ai lâché 24 dollars en plus alors que j’achete jamais les photos souvenirs d’habitude

    Quand aux avions, oui c’est original, mais instructif. Le client annonce toutes les 5 secondes la couleur de l’avion qu’il veut (rouge, bleu ou vert) et on doit lui en fournir un de la couleur souhaité. Chaque avion à son cahier des charges unique pour sa production, et il faut que la chaine de production suive le rythme: 1 toutes les 5 secondes. Gare s’il y a trop d’inventaires (cher) ou s’il y a trop d’ordres non remplis (pas d’avion disponible au moment ou le client le souhaitait).

    Au début des 2 semaines, la chaine produisait un avion toutes les 18 secondes, a la fin, 1 toutes les 5 secondes…

    Sinon non aucun ne volait, les avions ne pouvaient pas voler en soi vu leur forme…

  7. Poleon
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    En effet, le passage de 18 à 5 secondes, avec toutes les implications de gestion que ça entraîne derrière c’est impressionnant !

  8. martin
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    En fait, au début tout le monde se marchait sur les pieds. On a mis en place une ligne de production avec un stock d’objets en cours de production pour chaque « ouvrier » (qui sera cadre après le MBA mais ce n’est pas la question). Si le client disait rouge, le dernier ouvrier donne l’avion rouge, l’avant dernier voyant qu’il manque un avion rouge finit l’avion rouge, l’avant avant dernier voyant que le stock de l’avant dernier a disparu fait son boulot… Et ainsi, toute la chaîne de production se lance dans l’avion rouge sans même qu’ils aient entendu parler le client…

    Et 5 secondes plus tard, rebelote… Ainsi, même si le client demande 5 avions rouge de suite, il a ses 5 avions rouges. Avec notre principe, on a juste besoin d’un stock de 1 avion par couleur…