3 trucs pour éviter de devenir pauvre

Début novembre, je suis tombé sur article parlant de Vanessa Cola, une jeune femme de 27 ans en situation d’extrême pauvreté, vivant avec 700 euros pour elle et ses deux enfants (Lire l’Article). En gros, il s’agit d’une femme très pauvre – qui avait déjà un enfant et dormait parfois dans sa voiture faute de moyens – qui a eu un second enfant. Ses ressources sont très faibles car elle ne travaille pas. Elle doit demander de l’aide à des associations pour survivre car elle ne dispose que de 46 euros par mois pour nourrir sa famille.

Selon l’article, Mme Cola ne peut pas travailler, car :

– Sa voiture est cassée, et elle n’a pas moyen de la réparer

– Elle habite en rase campagne (pas de transports en commun)

– Et la nécessité de rester à la maison pour élever les enfants

Les réactions sur le forum de l’article tournaient autour de 3 refrains : « l’idiote, elle vivait pauvrement, pourquoi avoir eu un deuxième enfant », un autre, très Godwinien « Bande de fascistes, pourquoi les pauvres n’auraient pas droit à un enfant », et enfin « Peu importe qu’elle ait eu raison ou tort, aidons la ».

2 points ont totalement été éludés dans cet article : « Comment elle peut s’en sortir », un point important car tout le monde peut tomber dans la misère, donc autant apprendre une fois en bas de l’échelle sociale à reg ravir les échelons (GUERISON), et « Comment éviter d’en arriver là (PREVENTION).

Eviter de tomber dans la misère

Tout le monde peut tomber dans la misère rapidement. Un licenciement, un divorce, un mari lâche qui part à la naissance, la maladie peut rapidement faire sombrer des gens dans l’abîme. Peu importe que ce soit juste ou pas (un patron qui vire quelqu’un pour délocaliser, un mari lâche…), là n’est pas la question. Le monde est tel qu’il est, si vous voulez le refaire, faites de la politique. Le but de l’article est de savoir comment, avec toutes les imperfections du monde, éviter de tomber dans la misère.

Nous allons commencer par un exemple à ne pas suivre :

Comment tomber dans la misère ?

Un couple avec 1 enfant gagnant 3 100€ par mois achète une maison 200 000€ (soit 214 000€ avec les frais de notaires). Faute de ressources, il emprunte 100% de la somme sur un emprunt sur 30 ans (4% de taux d’intérêt) pour ne pas dépasser le seuil de 33% de remboursement, seuil maximum autorisé par les banques, soit une mensualité de 1.012,87€/mois.

3 ans plus tard, à cause de la crise, madame se fait licencier (perte de salaires : 1 400€/mois). Ne pouvant plus payer la maison (1 700e de revenus pour 1 012€ de mensualités) et ne pouvant allonger la mensualité, ils doivent la revendre. A cause de la crise, l’immobilier a baissé de 15% localement. Ils revendent la maison 170 000€ et doivent encore à la banque… 202 439€. Ils se retrouvent soudains endettés à hauteur de 32 439€, et mis dehors de leur logement. Ils empruntent ces 32 439€ sur 10 ans à 6% de taux d’intérêt pour rembourser la banque, ce qui leur coûte 357,56€/mois durant 10 ans

Sous le stress, ils ont de bonnes chances de divorcer. Ce qui signifie pour Monsieur, payer une allocation à Madame, et rembourser un emprunt… et pour madame, vivre de pas grand-chose. Autant dire vivre sous le seuil de pauvreté. S’ils restent unis, ils n’ont plus que 1 700€ par mois, et avec les 357€ de l’emprunt, le couple doit vivre avec seulement 1 350€/mois… Et même si madame retrouve un travail aussi bien payé, le couple perdra 350€/mois et ne pourra plus emprunter que 650€/mois maximum pour ne pas dépasser l’endettement maximum… et ne pourra plus jamais acheter de maison ces 10 prochaines années…

Pour plus de détails sur les calculs: Simulateur d’emprunt

Comment ne pas tomber dans la misère ?

1) Ayez une marge de sécurité

Imaginons que notre couple aie acheté une maison non pas sur 30 ans mais sur 20 ans, et en s’endettant à 25% seulement en empruntant à 4%. Pour respecter ces conditions (775€ de mensualités sur 240 mois), ils doivent se limiter à 120 272€ d’achat hors frais de notaires, donc un appartement type F3, mais pas une maison.

Madame est licencié et le couple n’a plus que 1700€ de revenus. Le couple renégocie l’emprunt sur 30 ans : les échéances tombent à 600€ par mois. Par rapport à la situation initiale, le couple dispose d’une marge de manœuvre de 400€ supplémentaires (600€ au lieu de 1000€ de remboursements par mois). Certes, il ne reste que 1100€ au couple, ce n’est pas beaucoup, mais bien plus surmontable que s’il lui restait 700€/mois. Le couple n’est pas obligé de vendre sa maison au plus bas, et lorsque madame retrouvera du travail, tout ira mieux.

Lecture complémentaire: Importance d’avoir une marge de sécurité

2) Disposer d’économies

Mais la mise au pain sec est dure : gagner 1700€ pour un loyer de 600€ quand on est à 3 n’est pas facile. D’où l’importance d’avoir des économies. Si le couple qui s’est rencontré 5 ans plus tôt, avait économisé les 2 premières années 500€/mois, et 200€/mois depuis l’achat du logement, et placé cet argent à 6%, il disposerait de 22 970€ d’économies au moment ou madame se fait licencier.

– Cela permet de disposer de 640€ par mois durant 3 ans

Notre couple dispose de 1 700€ par mois + 640€ d’économies – 600€ de loyer = 1 740€ par mois pour leurs dépenses quotidiennes. C’est certes moins qu’avant (3100€ – 775€ = 2 325€), mais cela limite la casse. En baissant légèrement le rythme de vie, le couple peut continuer à vivre normalement, et madame à 3 ans pour retrouver du travail. Si elle fait des petits boulots en attendant, l’épargne de sécurité permettra de tenir 4, 5 ans voir plus. Donc aucun stress en perspectives.

3) Prévoir le pire quand tout va pour le mieux

Le mieux reste tout de même d’éviter d’avoir à perdre un travail et de subir tous les désagréments… Le mieux pour cela est de penser que tôt ou tard, on peut être amené à perdre son travail. Dès lors, entretenez et développez votre réseau de connaissances, restez employables…

C’est peut-être idiot, mais tout emploi qui peut être automatisé le sera. Tout produit qui ne nécessite pas d’être produit localement sera délocalisé. Dit autrement, les emplois préservés sont :

– Les emplois du tourisme (pas délocalisable)

– Les emplois liés à la santé (et encore), l’éducation (services à la personne…)

– Les emplois type fonctionnaire

– Le emplois de proximité, relationnel : petit commerce, commercial

– Les emplois stratégiques : cadres très très supérieurs…

Tous les autres emplois sont menacés que vou soyez col bleu ou col blanc : informaticiens 3 fois moins chers en Inde, dentistes hongrois moins chers, ouvriers remplacés par des machines… Alors si vous sentez que le vent tourne dans le mauvais sens, au lieu d’attendre d’être rattrapé par le destin, fuyez le navire tant qu’il est temps : ce qui implique de rechercher un emploi, peut-être se tenir informé des actualités, suivre une formation…

Tout ça est beau, théorique, mais comment faire si vous êtes déjà dans la misère ?

Revenons à Vanessa. Elle est pauvre, ne peut travailler car elle a 2 enfants en bas âge, et vit seule en rase campagne sans moyen de locomotion. Comment pourrais-t-elle faire, seule ou aidée par des amis ? Voici mon premier point de vue :

– Vanessa n’a pas les moyens d’assumer une voiture, mais pour travailler, on a besoin de se déplacer

Le seul moyen de concilier les 2 impératifs est d’habiter en ville (Nancy ou Metz dans son cas) et d’utiliser les transports en commun. Vanessa devra donc vendre une bouchée de pain la voiture en panne, et déménager pour habiter en ville. Mieux : sous peu qu’elle habite en immeuble, elle profitera du chauffage de ses voisins et vivra enfin dans un logement décent. Peut-être un petit logement HLM, mais un logement où elle a accès à de l’emploi et au transport.

Elle économisera en chauffage et en transports.

– Vanessa devrait se rapprocher des associations locales

En sympathisant avec d’autres mères, en envoyant les enfants au centre aéré (gratuit ou très bon marché, et elle peut les amener à pied) et avoir du temps seul, qu’elle peut consacrer au travail. Même si elle ne trouve pas de travail, en posant des annonces dans les bureaux de tabac ou les petits annonces, si elle arrive à se libérer 3 après-midi par semaine et trouver 10 heures de travail au noir payé 9€ de l’heure, cela lui complètera ses revenus de 360€ par mois. Et quand elle a ses enfants, rien ne l’empêche de garder d’autres enfants et de compléter ses revenus.

– Si elle a des emprunts, Vanessa doit avant tout penser à les rembourser.

Si elle a un emprunt à la consommation, elle doit voir avec une assistance sociale ou une banque comment emprunter le montant suffisant à un taux décent pour rembourser l’emprunt à la consommation au taux indécent et ainsi payer moins d’intérêts.

– Vanessa doit économiser

Même si c’est très peu comme 20 ou 30€ par mois, Vanessa doit s’efforcer à économiser petit à petit, pour pouvoir faire face aux problèmes de la vie –payer un docteur même en fin de mois, remplacer un produit électroménager qui lâche…

Petit à petit, grâce à une démarche proactive et dynamique, le sort de Vanessa et de sa famille s’améliorera. Pas beaucoup certes – ici 1 060€ de revenus par mois – mais cette bouchée d’oxygène permettra de redonner confiance à Vanessa. Avec le soutien d’autres mères, Vanessa aura plus de temps et pourra, une fois les enfants plus grand, trouver un travail et sortir enfin de la pauvreté.

Lecture complémentaire: La vie est une montagne russe

Conclusion

Prévenir le mal avant qu’il arrive, disposer d’armes (économies, marge de sécurité, employabilité, réseau…) pour affronter le mal, se battre pour s’en sortir (même si cela implique déménager/faire des petits boulots…) sont les maîtres mots pour éviter un jour de devenir pauvre.

Rien ne sert de critiquer la société – sinon faites de la politique – ou les Hommes qui quittent leur femme – au foyer – la seule chose que vous pouvez faire, c’est agir sur vous. Parce que vous ne contrôlez pas les autres – le mari peut partir, mourir d’un accident… – faites en sorte d’assurer vos arrières.

Bonne journée

3 réponses

  1. Jérémy
    |

    C’est difficile de généraliser et de théoriser là dessus, car l’histoire de chacun est vraiment différente, mais le problème des gens qui se retrouvent dans une grande misère, c’est souvent qu’ils n’arrivent pas à sortir la tête de l’eau et prendre du recul pour analyser froidement leur situation. Généralement ils se contentent (mais peuvent-ils vraiment faire autrement ?) d’appliquer à un problème une solution de type cache-misère. Un peu comme on se bourre d’antibiotique pour masquer les symptômes de sa maladie, alors qu’il serait tellement plus judicieux d’aller voir un spécialiste pour se soigner en profondeur.

    Si on part du postulat que le plus difficile, c’est de se sortir du cercle négatif infernal, alors le plus simple, c’est d’éviter d’y tomber. Pour ça, il faut prévoir et anticiper, comme tu l’expliques très bien dans tes trois points.

  2. martin
    |

    Jérémy: en effet, chaque situation est unique, puisque chacun a un parcours différent. Justement, l’important c’est de changer quand tout va bien.

    Par exemple, c’est quand tous mes sites allaient bien niveau revenu que j’ai diversifié les annonceurs. Bien m’en a pris: j’ai perdu 300€ de CA mensuel dans les quelques mois qui ont suivi… mais revenu à mon niveau initial 6 mois après grâce à ce travail de prospection. Sans cela, je serai resté à un niveau bas…

    Pour moi il faut prévoir une marge de sécurité et ne pas tomber dans les sirènes de la consommation si on s’endette au maximum…

  3. Livret A
    |

    Je rejoints totalement l’avis de Jérémy et ce sur tous les points qu’il a cité !