Pourquoi voyager ?

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Bonjour à toutes et à tous. Si vous me suivez depuis un certain temps sur ce blog, vous le savez sans doute : j’adore voyager et j’ai eu l’occasion de découvrir une bonne vingtaine de pays sur quatre continents au cours de ces dernières années.

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Les points jaunes c’est où je suis allé, les verts c’est quelques endroits où je souhaite aller

 

Pourtant, j’ai commencé à voyager tard. J’avais 21 ans quand j’ai pris l’avion pour la première fois de ma vie. C’était en 2008 et je me rendais au Mexique rendre visite à une amie pour trois semaines.  À un moment l’avion s’est mis à survoler les Bahamas et la mer, jusque là bleu foncé ,est devenue bleu laiteux…

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À ce moment-là, j’ai eu la larme à l’œil. J’ai pris conscience à quel point la Terre est belle, mais fragile… et j’ai culpabilisé quand j’ai réalisé qu’au moment même où j’admirais la Terre, j’étais en train de la détruire… l’avion dans lequel je circulais brulant environ 60 litres de kérosène à la minute…

Mon premier voyage hors Europe

Le voyage au Mexique se passe magnifiquement bien – visite de cités perdues, découverte d’une autre culture… Je ne le savais pas encore, mais j’attraperais au cours de ce voyage une terrible maladie contagieuse : le virus du voyage, une maladie incurable.

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À mon retour dans l’avion – le même, celui qui brule 60 litres de kérosène à la minute pendant un voyage de près de 10 heures – je m’étais dit : « il faut faire quelque chose pour l’environnement ». Ne me voyant pas arrêter ma carrière de voyageurs, je me suis dit : « je vais compenser mon co2 et essayer de limiter mon impact sur l’environnement au cours des prochains voyages ».

À mon retour, je donnai plus de 80€ à l’association co2solidaire.org (pour rendre mon voyage neutre en carbone) et décida de passer à l’action.

  • J’ai cherché à donner un sens à mes voyages.

J’ai par exemple eu l’occasion de donner 70 kg de matériel scolaire aux enfants marocains lors du 4L Trophy et parraine actuellement un enfant aux orphelinats de Pattaya

  • J’ai compensé mes émissions de CO2
  • J’ai privilégié les modes d’hébergement et de transport doux

Lors de mon année passée en Chine par exemple, je n’ai effectué qu’un voyage en avion (Pékin/Hong-Kong). Dès que j’ai su parler suffisamment bien en Chinois pour acheter en chinois mes tickets de train par moi-même, je n’ai dès lors plus que voyagé en train et parcouru… 16 000 km en train et… 0 en avion.

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Dans le train entre Pékin et Shenzhen, soit 2 300 km effectués en 24 heures

Au cours de mes derniers voyages (Jordanie, Vietnam) j’ai également privilégié les petits hôtels et restaurants familiaux aux grandes chaines internationales, car moins chères, moins polluants (un petit hôtel consomme 6 à 10 fois moins d’eau qu’un grand) et soutenant l’économie locale.

Pourquoi voyager

Voyager est quelque chose de génial. Cela permet notamment de découvrir de nouvelles cultures, de mieux comprendre le monde dans lequel vous vivez, d’assouvir votre soif de curiosité, de faire des rencontres…

Ceci étant, le tourisme de masse entraine également de nombreux problèmes : nappes phréatiques en voie d’assèchement, émission de CO2, acculturation… Et le pire reste sans doute à venir quand on sait que le nombre de voyageurs ne cesse d’augmenter – 50% des voyageurs depuis le début de l’humanité l’ont fait… au cours des 15 dernières années.

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Pour éviter que cette hausse exponentielle ne détruise définitivement la planète – le trafic aérien est le secteur dont la pollution augmente le plus rapidement – et les cultures locales sous le rouleau compresseur mondialisé, il n’existe qu’une solution : voyagez de façon responsable.

18 réponses

  1. Nathanael
    |

    Hello Martin
    Heureux de lire ses conseils et de découvrir de belles images. Mais arrête de faire peur à la chinoise sur la photo lol. Que de belle images. Bonne suite

    • martin
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      Coucou Nathanaël

      Ravi que les photos te plaisent et lol pour la Chinoise 😉 A bientôt

  2. Quentin
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    Hey !

    C’est vraiment super dur de voyager sans CO2. En Effet, 98% des transports restent implacablement dépendants du pétrole. Évidemment le train est nettement moins impactant que les autres transports, mais il est au Diesel, ou bien électrique. En France, un train électrique est un train nucléaire, en chine, c’est un train au charbon. L’efficacité énergétique du train reste tout de même extrêmement supérieur au reste (sauf le vélo).

    Au niveau de la compensation carbone, c’est pas vraiment accessible à tous. Enfin, je veux dire que si toi tu peux le faire c’est parce que les milliards d’autres voyageurs ne le font pas. Du moins, il n’est pas physiquement possible que tous le fasse.

    Néanmoins, j’ai moi même me goût du voyage et je comprends ce que tu veux dire et je ressent la même culpabilité lorsque je prends l’avion. Ma méthode de compensation carbone est autre : je vis dans une maison passive. J’ai calculé que mon dernier voyage à Cuba était compensé carbone par 1 an de vie dans ma maison.

    • martin
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      Coucou Quentin

      En effet, c’est dur de voyager sans aucun CO2, comme tu l’évoques, même en prenant le train, tu émets du Co2 indirectement. Si j’utilise les chiffres du TGV Francais (soit 8,8 Mw pour 377 passagers, source: http://www.lmm.jussieu.fr/~lagree/DIVERS/klasse_de_mer/a_inklure/tanguyTGV/tgv.html)

      Un Pékin/Shanghai -1300 km, 5h) nécessite environ 120 Kw/h soit environ 90 kg de Co2 si le TGV est rempli à 100%. Sans doute plus en réalité. C’est loin d’être négligeable mais un peu moins que l’avion et bien moins que la voiture. Et la pollution de la centrale thermique limite la pollution en centre ville et peut etre optimisée avec le temps (amélioration des rendements).

      Tu as raison aucune solution n’est parfaite, mais le Co2 est différent entre un bus, un covoiturage, un 4*4 seul, un trajet en bateau ou en avion…

      Pour la compensation carbone, tu as raison, ce n’est valable qu’au niveau individuel mais au niveau global tout le monde ne pourrait faire cela mais ou est le problème? Après tout qu’est-ce qu’un océan si ce n’est une multitude de goutte (Cloud Atlas). On rendra pas le voyage 100% écolo ainsi mais si chacun faisait une petite initiative de son côté, les choses changeraient beaucoup pour autant.

      Pour Cuba c’est amusant, je me faisais la réflexion au Vietnam. 0 kwh de chauffage (c’est le Vietnam), 0 kwh de clim (c’était plus dur), 0 litres de carburant (on se déplacait en vélo), la seule dépense en énergie était le gaz de cuisson, le taxi moto et le ventilateur. Je me dis qu’en 6 mois j’ai du moins polluer malgré l’avion que si j’étais resté en France a devoir chauffer mon logement…

      A bientôt 😉

      Martin

  3. Quentin
    |

    Salut,

    Pour Cuba, effectivement, si l’avion émet beaucoup de CO2, force est de constater que sur place, on n’émet pas grand chose eu égard au mode de vie. Tu ira faire un tour sur l’investissement immobilier en direct, j’ai consacré deux articles à ce voyage…

    Pour la compensation carbone, je pense que c’est faisable uniquement si une immense minorité de voyageur le fait. Par exemple soit 10 000 voyageurs/an compensent en plantant un arbre, ça fait 10 000 arbres soit 100 ha (1 km²) de forêt nouvelle environ. C’est tout à fait facile. Mais si 1 milliard de voyageur doit faire le même chose, il faut 100 000 km² de forêt nouvelle, soit la surface de la Guyane. Évidemment, dans un monde vertueux, c’est idéal, mais à ce niveau de reforestation, on va se heurter à la croissance démographique, aux agriculteurs et aux industriels. Cela devient donc une chose pus complexe.

    Maintenant, je me pose le même dilemme que toi lorsque je voyage, entre le plaisir de voir le monde et le CO2 émis. Comme d’ailleurs lorsque je me déplace sur mes compétition de BMX ! Et donc, à mon niveau j’essaye de faire un geste, ou plutôt des gestes. Pour ma part, cela se traduit de trois manière : quotidienne via mon habitat, professionnelle via mes 6 ans dans l’éolien et l’entreprise que je monte actuellement sur la rénovation thermique et aussi via du lobbying au sein de groupes de pressions qui tentent de faire contrepoids à nos amis pétroliers.

    • Martin
      |

      Bonjour Quentin

      Je me disais que bien placé (de préférence lors d’un hiver très rigoureux) voyager dans un pays chaud (et laisser son chez soi en hors-gel) pollue sans doute moins que d’user une citerne de fioul ou du gaz à gogo. Un avion moderne consomme à peine 2,5 litres de kérosène par 100 km par passager. Des retraités qui partiraient dans les Caraibes en hiver (400 litres de kérosène soit 800 à deux pour leur aller retour) peuvent largement moins polluer que s’ils usent 2 tonnes de fioul à la maison + voiture pour se déplacer…

      Pour la compensation carbone, tu as raison. Mais le potentiel est loin d’être exploité selon moi. C’est comme l’énergie bois. L’énergie bois est insuffisante pour couvrir 100% des besoins en énergie des Francais et trop consommer de bois causerait de la déforestation et la désertification du pays. Tout le monde ne peut donc pas se chauffer au bois, c’est impossible en l’état. Ceci étant les forêts étant sous-exploitées, il n’est pas absurde de changer sa chaudière pour une à granulés de bois lorsque la chaudière lachera.

      Tu vois ce que je veux dire? Tout le monde ne peut pas compenser son co2 (au sens que cela en devient absurde, qu’y aurait il à compenser) mais chacun peut individuellement le faire.

      De mon côté, mon engagament se fait de la façon suivante:
      – Ecodriving quand je conduis (-30% de carburant)
      – Train/Bus plutôt que l’avion quand c’est possible
      – Petit logement (pour limiter mes besoins de chauffage)
      – Mon blog et mes livres sur l’environnement
      – Dons à des ONG sur l’environnement, comme Geres ou Greenpeace

      J’avais aussi acheté des actions de Tesla Motors (que j’ai revendu depuis) et d’Air Liquide… Investir dans des entreprises durable cela me semble plutôt positif non?

      A bientôt

      Martin

  4. Quentin
    |

    C’est vrai que c’est un tout ! Si tout le monde investit pour isoler et que les forêts sont bien gérées, on peu chauffer au bois. Mais il y a des forces qui vont contre… On devrait tous pourvoir voyager, à condition de prendre le temps de le faire écologiquement, mais il y a des forces qui vont contre…

    Bref, tu as raison de faire ce qu’il faut à ton échelle, comme je le fait, mais je ne suis pas optimiste sur la généralisation à tous les esprits.

    • martin
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      Coucou Quentin

      C’est vrai, il y a des forces (lobbying, Etat, habitudes, mauvaise information…) qui vont contre le changement. Mais cela ne veut pas dire qu’on ne peut rien faire. « sois le changement que tu veux voir dans le monde » disait Gandhi.

      A titre personnel, je suis content quand je pense que mon blog sur l’écologie a été vu par 336 000 personnes depuis sa création. Je me dis: si même une personne sur 1000 a changé ne serait-ce qu’une chose dans sa vie, mon blog a eu un impact sur 300 personnes.

      Pour le reste, je pense que les gens font attention à l’environnement quand cela les concerne directement. Par exemple je me suis inscrit sur covoiturage.fr en 2007 (au début) mais le covoiturage a pleinement explosé que ces dernières années quand le prix des carburants a augmenté. Bref, les gens ne changent généralement que quand on s’attaque au portemonnaie, tu en penses quoi?

  5. Quentin
    |

    Aha, le porte monnaie, on rentre dans le cœur du problème. Aujourd’hui, on paye un litre de carburant à 1,50 €, soit environ 15 centimes le kWh, un kWh électrique à 12,5 centime…

    Par comparaison, le travail physique d’un être humain via ses jambes est de 0.5 kWh/j et dix fois moins via ses bras. Si on paye au SMIC un être humain pour qu’il utilise l’énergie de ses muscles, le kWh coûterait entre 100 et 1000 €. En utilisant des chevaux, qu’on ne paye pas, mais qu’on doit nourrir, abreuver et abriter, on peut raisonnablement descendre à 20 €/kWh.

    Bref, les énergies fossiles et nucléaire coûtent environ 100 fois moins cher que les énergies de la vie utilisées avant. Ceux qui disent que l’énergie est chère se trompe, elle ne l’est pas du tout.

    Si on devait se passer de pétrole, de charbon et de nucléaire, dans l’état actuel des choses, on pourrait tous revenir travailler au champ. Fini le travail au bureau, les droits de l’homme, l’accès au savoir pour tous, la retraite, la santé… Retour au début de 19ème siècle !

    Autrement dit, OUI, OUI, OUI, il faut toucher les gens au porte monnaie en matière d’énergie, car en doublant ou triplant le coût de l’énergie aujourd’hui, on peut se donner assez de temps et de moyens pour sauver le système et même m’améliorer. Si on attend bêtement : tout le monde aux champ dans pas longtemps.

    Bref, un joli choix, on faire un effort somme toute acceptable aujourd’hui pour vivre aussi bien demain, on attends que les choses se fassent toute seule, et la nature nous rappellera à l’ordre à sa manière.

    J’invite donc les gens qui lisent ces mots à faire attention à l’environnement maintenant, même si cela doit avoir un certain impact sur leur porte monnaie. Tous les actions sont bonnes à prendre.

  6. martin
    |

    Bonjour Quentin

    Tu as écouté les propos de Jean Marc de Jancovici (qui préconisait de convertir l’énergie fossile en équivalent de force humaine)? Sinon effectivement, l’énergie est très bon marché, c’est juste nous qui sont trop addict à cette énergie quasi gratuite. Je l’ai constaté en voyageant: aux Etats-Unis, les gens disent « 4$ le gallon – soit $1 le litre c’est beaucoup trop cher » alors qu’au Vietnam, où le carburant coûte le même prix pour un salaire 20 fois plus bas, les gens se déplacent eux aussi sans se plaindre. Simplement ils gâchent beaucoup moins de carburant (petit scooter là bas, petite berline en France, gros truck aux Etats-Unis).

    Pour ta seconde réflexion, je suis à moitié d’accord. Sans énergie fossile ou nucléaire, effectivement tout le monde retournerait au champ, les logements redeviendraient plus petits et moins confortables, et l’espérance de vie serait en chute libre. Mais n’oublions pas le solaire.

    Bien que 0,0000001% de l’énegie du soleil (un milliardième) à peine arrive sur Terre, Le soleil fournit 1,76*10^17 Watts d’énergie sur Terre. Ce chiffre étant peu parlant, disons le autrement:

    – C’est l’équivalent de 135 millions de réacteurs nucléaires de type Cattenom
    – En une seconde, le soleil émet 48 Twh d’énergie vers la Terre. En 15 secondes, cela représente la consommation en électricité de la Chine et des Etats-Unis REUNIS pendant UN MOIS.

    Même en captant une partie ridicule de cette énergie, c’est plus qu’il n’en faut pour fournir de l’énergie à 12 milliards d’humains qui consommeraient comme des Américains. Ajoutons le smart grid, les économies d’énergie… le potentiel est énorme.

    Concernant la troisième réflexion, c’est ce que Jancovici préconaisait également: augmenter de 5 ou 10% (je sais plus trop) le prix de l’énergie par an. mais rassurons nous: entre la loi de l’offre et de la demande et la génie des patrons de la Silicon Valley (je pense à Larry Page et son implication croissante dans l’automobile ou au smart grid, à Elon Musk et sa voiture électrique révolutionnaire, à Richard Branson et son projet d’avion hypersonique) ou encore des génies méconnus comme Bertrand Piccard (Solar Impulse) ou encore l’Indien qui a inventé le Mitti Cool, un frigo 100% recyclable et fonctionnant sans électricité), je ne me fais pas trop de soucis sur la transition énergétique.

    L’homme est intelligent, une fois que les géants énergétiques obsolètes (c’est à dire 99% des acteurs actuellement en place) auront financièrement intérêt à bouger, cela bougera très vite je pense. Espérons que cela se fasse rapidement.

    Pour ton dernier point tu as raison mais pourquoi choisir entre portemonnaie et environnement quand les deux vont ensemble? Un exemple: les ampoules LED font à la fois économiser de l’énergie et de l’argent, l’éco-conduite me permet d’économiser 500€ par an et plus de 300 litres de carburant par an…

    A bientôt

    PS: Je t’invite à lire ce passionnant dossier: http://www.planetoscope.com/solaire/864-energie-fournie-par-le-soleil.html

  7. Quentin
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    Jean Marc Jancovici, même sans être K sur tout, je le croise régulièrement lors des réunions de son think tank auquel je participe.

    Sur le solaire, j’en suis parfaitement conscient, c’est là solution ultime, d’ailleurs, sans le savoir, nous utilisons déjà plus d’énergie solaire que toutes les autres, dix fois plus même. C’est… L’agriculture ! En effet, la photosynthèse qui, in fine nous nourrit est purement et simplement de l’énergie solaire !

    Mais pour remplacer le nucléaire et les fossiles, il faudrait mettre des grands champs de centrales thermodynamique dans les Déserts, puis les relier aux zones de consommations. Par exemple, dans le cas de l’europe, il faudrait aller en Algérie, Au Maroc, en Tunisie et en Lybie, puis mettre de gros câbles transméditerranéens (en n’oubliant pas les populations locales au passage).
    C’est techniquement faisable, les problèmes viennent d’ailleurs. La course contre la montre a déjà commencé et il faudrait s’y mettre à 200%. Mais les financières n’y croient pas et les pays du Margreb ne sont pas stables (en grande partie grâce à nous d’ailleurs).

    Pour toutes les autres technologies, que ce soit la voiture à 2L ou électrique, les SMART Grid… Le problème est le même : leur vitesse de pénétration dans la société. Pour le pétrole c’était facile car il était pratique et apportait le progrès. Aujourd’hui, les gens auront du mal a en changer pour des technologies plus compliquées.

    Évidemment, comme toi, j’admire les génies de entrepreneuriat du futur, les mecs qui transforment les rêves en réalité.

    Une petit mentions pour Musk (mon goût pour la conquête spatial oblige) qui rivalise avec les état en termes de lancement de fusées.

    • martin
      |

      Bonjour Quentin

      Je te remercie pour ta première remarque, je viens de corriger mon premier message. Ah sympa, tu as de la chance de pouvoir le cotoyer, je ne l’ai vu qu’une fois lors d’une conférence à l’ESC Dijon mais j’avais bien aimé sa vision des choses.

      Pour le reste, effectivement, on utilise de l’énergie solaire sans le savoir. Pour l’agriculture mais aussi pour se chauffer (la preuve: en été, on ne se chauffe pas). A un stade plus extrême, le pétrole c’est de l’énergie solaire concentrée (biomasse du passé) et sans énergie solaire, il ne ferait que quelques degrés Kelvin sur Terre. Bref, l’énergie solaire représente l’essentiel de la dépense énergétique mondiale, plus que quelques efforts et on atteindra les 100% 😉

      Concernant ton troisième point, tu as raison. Le solaire implique une infrastructure lourde économiquement mais impliquant également une dimension géopolitique et autre. Mais n’oublie pas les sauts technologiques. Musk a pour but de diviser par 100 le coût d’un lancement spatial et d’ouvrir une nouvelle ère du spatial.

      Dans le domaine automobile c’est la même chose. On sait faire des voitures qui consomment 1 ou 2 litre aux 100 km, voire bien moins (10 mL aux 100 km pour le record de l’écomarathon shell ou 0L aux 100 km pour les voitures solaires en Australie). Ces voitures ne sont pas encore grand public, mais on le voit, l’énergie solaire combinée avec un smart grid, une mutualisation énergétique à grande échelle et économies d’énergie est viable assez facilement.

      Un exemple: Si l’on considère qu’une voiture électrique propre consomme 10 Kw/h aux 100 km (source: http://automobile.challenges.fr/dossiers/20120807.LQA3178/la-verite-sur-la-consommation-des-voitures-electriques.html), qu’il y a 38 millions de voitures qui roulent 14 000 km par an et qu’on voulait que toutes les voitures soient électriques, il suffirait de 53 Twh/an pour atteindre cet objectif, soit 8 réacteurs nucléaires (moins en pratique grâce au smart grid)

      Rien qu’en doublant la capacité éolien en France (16 Twh), on pourrait alimenter plus de 10 millions de véhicules électriques…

      Les financiers n’y croient pas pour le moment mais comme le dit l’adage, l’innovation ne vient pas du système mais hors du système. Par exemple je ne pense pas que l’innovation des avions viendra d’Airbus ou de Boeing mais plutôt de Musk, Branson, des Chinois (Comac), de Google ou encore d’inventeurs de génies dont on ne connait pas encore le nom.

      Je ne pense pas que l’innovation de l’énergie viendra des géants de l’industrie, mais de petites start up innovantes (d’où ma remarque 99% des acteurs actuellement en place)

      Pour le smart grid, je ne vois pas en quoi c’est compliqué. Tu dis « je veux que ma voiture soit chargée pour 7h du matin par exemple » et le smart grid s’occupe du reste. Google est incroyablement sophistiqué mais incroyablement simple à utiliser pour Mr toutlemonde, je crois en ce modèle…

      Bonne journée à toi et à bientôt 😉

      Martin

  8. Quentin
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    En fait, ce qui me rend pessimiste, c’est d’avoir travailler dans l’éolien.

    Les éoliennes ne polluent pas et elles produisent pas trop cher. Bref, que des avantages. Évidemment, les éoliennes ne sont pas LA solution, mais une pierre à l’édifice.

    En France, tous les signaux sont aux vert : du vent, de la place (pas trop de densité de population), un réseau électrique performant, des banques qui suivent, des entreprises compétentes. Et pourtant, la mise en place d’éoliennes est devenue presque impossible. Deux groupes se sont alliés contre : les politiciens, qui se félicitent des éoliennes en façade et qui votent des textes contraignants derrières et les opposant qui bloquent tous les projets en les attaquant. Bref, l’équipement de la France avant 5 fois moins vite que ce qu’il pourrait.

    Aujourd’hui, je me lance dans l’amélioration thermique de l’habitat, certes, il y a moins d’opposition, mais j’entends déjà certains dire : « c’est de la connerie tout ça », c’est encore un truc qui sert à nous faire payer plus ».

    Bref, sur les ruptures technologiques, je suis optimiste, sur les solutions, on les connaît, sur leur mise en œuvre… Je me demande pourquoi il y a une telle résistance au changement.

    • martin
      |

      Bonjour Quentin

      Les éoliennes ne sont pas la solution ultime comme tu le dis – la production du métal consomme de l’énergie et se pose la question du recyclage par la suite – mais est plutôt positive dans l’ensemble tu as raison.

      Concernant les éoliennes, penses-tu que le problème soit spécifique aux ENR ou à la France en général, magnifique pays qui croule sous les réglementation et normes en tous genres? Ou la raison est autre? Je dis ca je dis rien, mais en France, tout est régulé:! interdiction du camping sauvage, interdiction des bus de nuit couchette, interdiction de la nourriture de rue etc. Sans même parler du lobby nucléaire.

      C’est vrai que la France produit peu d’électricité éolien: 15,9 TWh soit 2,9% de la production Française (merci Wikipedia) ou l’équivalent de deux réacteurs nucléaires à peine. C’est très peu comparé à l’Allemagne (53,4 Twh, 7,9% de la production) ou l’Espagne (54,3 Twh, >17% de la production) et les installation d’éoliennes diminuent.

      Mais c’est toujours ça de pris. Après tout, les éoliennes produisent déjà l’équivalent en énergie de la consommation en énergie de 5 millions de véhicules électriques. C’est pas mal non?

      Sinon n’écoute pas les gens râler (des gens souvent étroits d’esprit qui ne comprennent pas les enjeux globaux, les enjeux économiques de l’énergie…), « les chiens aboient et la caravane passe ». Sinon prends tu le temps d’expliquer ta démarche?

      Concernant ton dernier point (assez philosophique) je n’ai pas la réponse. Mais une prof disait qu’on a souvent tendance à surestimer les pertes et sous estimer les gains. Tu auras moins de bonheur supplémentaire à gagner 100€ en plus que de malheur si tu en perds 100. Je crois que c’est un rapport de 1 à 2 ou 1 à 3. Peut être que les gens ont peur de changer car ils pensent que le bénéfice du changement ne compense pas le coût de changer leurs petites habitudes. Ou peut être que les gens sont déjà assez fatigués par leur vie de tous les jours pour ne pas en plus se fatiguer à avoir des réflexions conceptuelles?

      J’attends ta vision des choses 😉

  9. Quentin
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    Les EnR rencontre plusieurs types de barrières, certaines sont spécifiques à la France, d’autre plus générales.

    La première, vient de leur façon de produire. Dans un monde où il faut produire le maximum dans l’instant, à attendre que le vent ou que le soleil se lève n’est plus dans les moeurs. Aujourd’hui, en terme d’économie, la première vertu d’une source d’énergie, n’est ni son caractère environnemental, ni son prix, mais sa disponibilité en quantité (là, le meilleur est le charbon), sa maniabilité (là c’est le pétrole) et sa souplesse d’utilisation (là c’est l’hydroélectricité). Bref, les EnR ne sont pas les chouchoutes du secteur économique. D’ailleurs, sur ces arguments là, le nucléaire non plus.

    La seconde vient des résistances de lobbies importants… Pétrole, Gaz, charbon, construction…
    Ces barrières sont générales sur toute la planète.

    Voyons maintenant sur un axe franco-français.

    Outre les réglementations, l’opposition se cristallise sur le coût (pour le solaire), la disponibilité (pour le solaire et l’éolien), l’acoustique (pour l’éolien), les nuisance paysagère (pour l’éolien), les odeurs (pour la biomasse), l’emprise (éolien et solaire).
    Mais un gros soucis en France vient du fait que n’importe qui peut faire stopper un projet en déposant un recours. C’est le cas pour les projets éoliens, les opposant ont toute une batterie de recours clef en main pour les populations locales afin que les projet capote ou prennent du retard.

    Par exemple, pour un projet éolien, il faut d’abord obtenir l’accord des propriétaires fonciers et des élus. Premier niveau d’opposition, pressions sur ces personnes afin qu’elles ne s’engagent pas dans le projet. Les développeurs doivent donc passer des mois à expliquer, convaincre… Quelques mois après, deux permis sont à déposer : un permis de construire et un permis d’exploiter. Ils donnent lieu à tout un tas d’avis (armée, météofrance, Direction des routes, Gaz de France, archéologues, architectes urbanistes…). Un seul là dedans émet un avis négatif et hop, refus ! Ensuite, il y a enquête publique : le développeur ne peux pas participer, mais les opposants, oui et ils bourrent le mou des commissaire enquêteurs pour obtenir un avis négatif. Ensuite, si on a eu les permis, il y a possibilité de recours durant 6 mois. Inutile de dire, tous les permis sont attaqués ! Après on passe alors au tribunal administratif, il peut y en avoir pour des années. Certains projets de la boîte où je bossais avant ont été initiés il y a douze ans et sont toujours dans les méandres administratifs.

    L’année dernière, j’avais fait le compte avec un collègue, on avait 2,5 fois plus de MW au tribunal que de MW construits.

    Donc, en France, l’oposant, on est obligé de l’écouter attentivement.

  10. Martin
    |

    Coucou Quentin

    Concernant les ENR, c’est vrai que leur disponibilité n’est pas leur fort à cause de leur caractère intermittent à l’exception notable de la géothermie, de la biomasse et de l’hydraulique, mais où est le problème si l’intermittence est gérée avec un système composé de:
    – Stockage énergétique (lors d’un excédent de production on peut pomper l’eau vers le barrage haut ou produire de l’hydrogène qui sera consommé lorsque la production d’énergie baisse)
    – Smart grid?

    Cela ne changerait rien sur le mode de vie de Mr Toutlemonde, et créérait des opportunités d’emplois non délocalisables non?

    Quant à l’éolien, pourquoi je ne suis pas étonné de découvrir que c’est un enfer administratif, tout en France devient de plus en plus réglementé:
    – Interdiction pour un appareil photo de faire des vidéos de plus de 29″59
    – Interdiction de bus couchettes de nuit – mauvais pour la sécurité
    – Interdiction d’un système de verrouillage dans les pistolets de station service
    – Obligation que 100% des logements neufs soient aux normes handicapés (20 ou 30% pourquoi pas, mais pourquoi 100%)
    – Interdiction du camping sauvage
    – Interdiction de mettre des feux rouges avec compte à rebours du temps restant
    – Interdiction de vendre de la street food dans la rue
    – Etc.

    J’ai même découvert qu’il y a des normes de pente maximum dans les dos d’âne de la route, il y a des normes sur la quantité d’oeufs à servir aux enfants à l’école, il y a des normes qui obligent les établissements situés en zone non sismique a faire des études antisismiques… Un petit florilege ici: http://www.challenges.fr/galeries-photos/economie/20140317.CHA1630/les-10-normes-les-plus-absurdes-de-france.html

    Dommage… Je ne suis pas contre le normes mais je trouve qu’on en fait trop parfois… Du coup comment ton entreprise gère toutes ses paperasses?

  11. Quentin
    |

    Et oui, avec les normes, les recours et les tracas, entre 1900 et 1913, on a construit 13 lignes de métro à Paris avec des moyens techniques affligeants. Sur le même durée et avec des moyens incommensurablement plus efficaces, on a construit après 2000, 8 km de tramway !

    Pour ma part, ma boîte évite encore la paperasse, car nous sommes encore sur l’étude de marché et l’affinage du modèle. Mais à n’en pas douter, rapidement, ces papier deviendront mon quotidien.

  12. Martin
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    Bonjour Quentin

    Pendant qu’on traîne à construire en France à cause des normes, ailleurs ca bouge. A Pékin par exemple où je vivais, il n’y a peut etre pas autant de norme mais leur métro est très moderne (et il y a des toilettes dans leur métro pas comme a Paris). Et on a construit en moyenne… 80 mètres de métro PAR JOUR (411 km depuis 2000). Rien qu’au cours de mon séjour à Pékin (15 mois), la plan du métro a changé 2 ou 3 fois pour cause d’agrandissement (4 lignes ont été construites et/ou agrandies pendant mon séjour). Un dynamisme comme Paris autrefois. La France vas t-elle se muséifier à cause des normes?

    Bon courage par la suite sinon, la paperasse, j’aime pas trop…