Une idée à 50 milliards de dollars

Il y a quelques temps, j’ai été voir « The Social Network » au cinéma, relatant la création et l’histoire du créateur de Facebook (pour ceux n’ayant pas vu le film, voici un petit trailer)

Toujours admiratif des succès à l’américaine et qu’un jeune de 26 ans puisse posséder 6,9 milliards de dollars en créant son site Internet (et bientôt plus, puisqu’il possède de mémoire ¼ d’une société valorisée 50 milliards de dollars), je me suis posé la question : comment a-t-il pu avoir réussi son coup de maître alors que des sites sociaux (MySpace…) existait déjà ? Facebook aurait-il pu voir le jour en France ?

Une idée à 50 milliards

Comme je l’ai expliqué dans l’article sur les avantages compétitifs, j’estime que le développement de Facebook a coûté, au grand maximum, 280 millions de dollars, une somme à la portée de toute grande boîte de la Silicon Valley. Alors, comment Facebook, à l’origine l’histoire d’un mec seul, a pu faire fortune sans qu’aucun concurrent ne le menace ? La réponse :

1) Créer un club fermé de Harvard

Un réseau social ne fonctionne que si lorsqu’on s’inscrit, on retrouve déjà des amis existant. Il faut donc atteindre une masse critique pour qu’un réseau social devienne attractif (dit autrement, personne n’a intérêt à être le premier inscrit sur un réseau social). Comment atteindre cette masse critique ?

Admettons que la masse critique soit de 10% de la population d’un pays. Cela signifie atteindre 30 millions d’inscrits aux USA. Impensable. Sur un campus de 10 000 étudiants, cela signifie avoir 1000 inscrits. Facebook était à l’origine un club fermé réservé aux seuls étudiants de Harvard. « Club ferme » signifie « appartenance à un clan, à un élite », 2 phénomènes renforcé par la culture US, ou les gens sont très fiers de leur campus (appartenance à un clan), et le fait qu’Harvard aie une réputation mondiale d’excellence « élite ». Grâce à l’obligation d’avoir une adresse e-mail en @harvard.edu, les gens se sont rués sur Facebook , qui a cartonné en quelques jours à Harvard.

2) Positionnement par le haut


Une fois en situation de monopole à Harvard, comment s’agrandir ? Zuckerberg, intelligement, a compris que les gens de Harvard, payant jusqu’à 60 000 dollars par année d’étude (faites le calcul pour un PhD en 8 ans) et ayant pour la plupart des familles influentes, avaient des amis dans toutes les meilleures facs US (Stanfort, MIT…). The Facebook s’est ouvert aux universités membres de l’Ivy League, le message a été très clair : être membre de Facebook est un privilège, c’est avoir un lifestyle de réussite : être riche, diplômé, cool…

3) Ouverture à tous


Lorsque Facebook s’est ouvert à tout le monde, en toute logique, il y a eu une ruée de gens s’inscrivant sur le site pour l’image que le site donne d’eux-même, image renforcé par tout un dispositif renforcant l’ego (affichage du nombre d’amis, albums photos permettant de montrer ses photos aux Seychelles, fans, partage…).

Une fois la masse critique atteinte au niveau global, Facebook a pleinement joué de l’effet réseau ce qui a coupé l’herbe sous le pied de la concurrence, continué de développer le site pour rendre les gens toujours plus addict du site et développer ses revenus.

Bref, alors que Facebook avait tout pour échouer, l’idée à 50 milliards, c’était de positionner son site comme un signe d’appartenance à l’élite accessible à tous, une sorte de BMW qu’on aurait gratuitement pour montrer son statut d’appartenance à l’élite. Pour la seconde question, Facebook n’aurait donc jamais percé en France car rien en France n’a le prestige de Harvard, qui aurait permis de lancer en fanfare un tel site.

7 réponses

  1. Livret A
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    « Admettons que la masse critique soit de 10% de la population d’un pays. Cela signifie atteindre 3 millions d’inscrits aux USA »

    Je pensais que les USA comptaient plus de 300 millions d’habitants ?

  2. Martin
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    Oups, j’ai oublié un 0, je vais corriger ca… Les USA comportent en effet 309 millions d’habitants

  3. Fabrice
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    La progression de FB est en effet totalement hallucinante.
    Maintenant ce que j’attends de voir c’est comment cette société va être capable de monétiser son carnet d’adresse de 600 millions d’utilisateurs.
    Je vois beaucoup de journalistes comparer FB et Google notamment au niveau de l’audience. Mais Google a mis un place un business modèle totalement « diabolique » avec son moteur de recherche puis avec toutes les fonctionnalités qui se sont progressivement greffées autour (google maps, Gmail, Youtube…).
    Facebook a eu une enfance/adolescence incroyable mais s’il veut se faire un nom il doit passer dans l’âge adulte.

    Sinon à propos du film « The Social Netword » a remporté le Golden Globes du meilleur film.

  4. Fabrice
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    Il faut aussi savoir trahir à un moment;-)

  5. martin
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    @ fabrice: le site à généré 1 milliard de dollar en 2010 soit 2 dollars par contact. Il y à de la marge. Javais entendu quils comptaient ouvrir une place de marché pour concurrencer ebay mais en mieux car on bénéficie dun média global et local en même temps. Ils peuvent aussi devenir pour les bons profils chasseurs de tête à linstar de viadeo, ou lancer des campagnes de branding de grandes marques autre dun public cible. Quand google à des pubs ciblées et sérieuses Jimagine bien facebook prendre le relais de la tv mais ça reste mon humble avis. À voir dans quelques années, en espérant que ce carnet dadresse ne tombe pas dans de mauvaises mains. Et excellent film au passage mon préféré après avatar parmi les films récents.

    @ fabrice (le second) ce nes pas cool mais bon je pense que partout ou il y à de largent il y à des coups bas. Bill gates à racheté son logiciel jobs à recopie l’idée de souris chez xérox. Et puis les 2 frangins avaient l’idée mais auraient ils su l’exécuter avec un tel brio? Tout nest pas tout rose ni tout noir

  6. Jérémy
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    C’est vrai que la stratégie de s’ouvrir d’abord à une élite, puis d’agrandir la pyramide par le bas, est assez fabuleuse ! Une idée simple (ce n’est -quasiment- rien de plus qu’un simple trombinoscope virtuel, facebook !) et un plan marketing diabolique, voila comment on se retrouve propulsé au sommet de la planète 🙂

    Décidément, faut vraiment que je regarde ce film !

  7. Martin
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    Jérémy: tout à fait, facebook, c’est 90% de marketing (si ce n’est 99%). et le film est vraiment génial, je trouve…