Les firmes Internet à succès

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Adorant les nouvelles technologies et le côté entrepreneur des net-entrepreneurs fondant des empires, je souhaiterais retracer quelques succès story de la silicon valley (des nouvelles technologies en général), et voir l’évolution que prennent les entreprises stars du moment. Le classement a lieu selon le chiffre d’affaires des entreprises.

Les rois

Apple (CA : 65 milliards de dollars)

La belle endormie ayant frôlé la faillite au milieu des années 1990 a retrouvé des couleurs grâce à Jobs. Le succès incontesté des iPod, iPhone et de l’iPad a fait monter l’entreprise à la pomme aux sommets : elle a dépassé Microsoft tant par le CA que par la valorisation boursière. Une belle revanche sur le passé. Les bénéfices explosent, à 14 milliards de dollars. L’entreprise est dans une très belle spirale ascendante. Par contre sur le long terme, l’avenir est nuageux : le succès de l’entreprise repose avant tout sur ses téléphones portables, et est concurrencé par Google, qui propose gratuitement son logiciel Android… Et qu’adviendra la firme de Cupertino lorsque Jobs quittera l’entreprise, sa santé étant déclinante ?

Microsoft (CA : 63 milliards de dollars)

Grâce au lancement de Windows 7 et l’émergence du nouveau marché que représente les smart-phone, la firme de Redmond cartonne et a généré 19 milliards de dollars de bénéfice en 2010. L’entreprise est plus en forme que jamais, qu’en sera-t-il à l’avenir ? L’avenir semble en effet nuageux. Microsoft pourra t-il imposer son standard dans les smart-phones, chasse gardée d’Apple et de Google ? Percer dans le marché de la publicité en ligne, terres gardées de Google et bientôt Facebook ? Son business model reposant essentiellement sur Windows et Office, l’incursion de Google dans ce domaine représente une menace réelle pour Microsoft.

Google (CA : 29 milliards de dollars)

La firme de Moutain View, crée sur le tard en 1998, a un succès qui ne se dément pas.  Son chiffre d’affaire a explosé (23 milliards en 2009, 29 en 2010), sa rentabilité aussi, ayant généré 9 milliards de bénéfices en 2010, un niveau de rentabilité bien supérieur à Apple ou Microsoft. Google investit dans de nombreux projets, notamment dans le domaine de la géolocalisation et de la publicité sur la téléphonie mobile, par le biais d’Android notamment. Un marché extrêmement juteux à la clé. Google lorgne également du côté de Microsoft en lançant ses applications logicielles à destinations des entreprises. Bref, Google est sur une extrêmement bonne tendance. Deux ombres au tableau : son business model repose encore majoritairement (environ 98% de mémoire) sur les liens contextuels, rendant vulnérable Google en cas de crise du secteur. En outre, Facebook commencé à représenter une menace de plus en plus sérieuse, s’attaquant tous deux à ce marché…

Les princes en devenir ?

Facebook (CA : 1,9 milliards de dollars)

Entreprise star de 2010, ayant même servi à réaliser un film (The Social Network), Facebook a quasiment doublé ses revenus à 1,9 milliards de dollars grâce à l’essor du nombre de ses membres.  Ses bénéfices sont à l’avenant : 0,5 milliards. Avec plus de 500 millions de membres, Facebook vise de dépasser dans un avenir proche le milliard de membres. Disposant d’un portefeuille clients hors compétition, Facebook peut  monétiser ses données avec des publicité ultra-ciblées. Avec des revenus de seulement 4 dollars par membre, le potentiel d’amélioration est encore grand. De nouvelles possibilités – enchères, applications pour smartphones – sont possibles. Du coup, toutes les spéculations sont permises, certains parlant d’une future valorisation boursière de 60 milliards de dollars. Cela étant, les utilisateurs de Facebook sont bien moins ciblés que ceux de Google, étant davantage la pour se divertir au contraire de Google, où l’Internaute est activement impliqué dans une recherche. Du coup, le taux de clic se ressent, et Facebook, bien que son audience soit grosso modo la même que Google, a un chiffre d’affaire annuel… inférieur au bénéfice trimestriel de Google. Est-ce possible d’inverser la tendance ? En outre, Facebook a de nombreux concurrents, solidement armés (Apple comme Microsoft disposent chacun de 50 milliards de dollars, Google de 30 milliards) et défendant férocement leur pré-carré…

Groupon (CA : 0,5 milliards de dollars)

Ayant refusé une offre de rachat de 6 milliards de dollars de Google, qui voulait racheter l’entreprise pour se positionner sur le marché juteux de la publicité locale. Avec ses plantureuses marges de 50% et sa croissance exponentielle, certains parlent d’une valeur boursière de 15 milliards. Bulle Internet ou futur concurrent de taille à Google ? Certains évoquent la croissance exponentielle de la firme, d’autres parlent des retour d’expérience décevant des commerçants, devant casser leur prix et laisser 50% de marge à la concurrence. Sans compter la facilité de copie le concept. Seul l’avenir nous le dira.

Twitter  (CA : 0,15 milliards de dollars)

La plate-forme de micro-blogging commence à devenir un poids lourd et un acteur majeur du web. Le nombre de ses followers explose de manière exponentielle  (175 millions à ce jour), ses revenus, au début composés uniquement d’un partenariat avec Google et Microsoft, explosent avec les Tweet sponsorisés : 150 millions en 2010 contre 45en 2009.   Au point que certains parlent d’une valorisation boursière de 3,7 milliards de dollars, certains de beaucoup plus. Une telle valorisation n’est crédible que si Twitter continue sur sa lancée (exponentielle). Cela semble bien parti, Twitter bénéficiant, tout comme Facebook, de l’effet réseau.

Reste à voir si Twitter est un réel phénomène ou une simple mode marketing et si les gens ne risquent pas de se lasser. Enfin, jusqu’où est prêt à aller Twitter dans sa monétisation ? Saura-t-elle générer une vache à lait comme Google a si bien réussi à le faire ? On peut se le demander au moment où Twitter n’a même pas gagné 1 dollar par utilisateur.

Conclusion

Le monde de l’Internet est effervescent. Aux côtés des anciennes stars d’hier (eBay, Yahoo…), le monde de l’Internet se développe à toute vitesse avec l’essor des applications mobiles, de la géolocalisation, des réseaux sociaux. Internet s’étend progressivement à l’ensemble de notre vie, avec peut-être prochainement des voitures autoguidées (cf Google Car), des pubs ultraciblées, où lorsque vous passez devant un magasin, vous recevez une offre promo dans le magasin considéré via Facebook… D’un point de vue d’entreprise, c’est intéressant : que résultera t-il de la guerre actuellement en cours ? Qui seront les morts au combat ? Les vaincus contraints de fusionner avec d’autres sociétés ? 2011 sera sans doute une année passionnante.

Je vous laisse donner votre point de vue

13 réponses

  1. Fabrice
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    Tu n’as pas cité Amazon dans les Rois, Martin.
    Pour moi c’est l’une des sociétés les plus impressionnante sur le web. Créé en 1995 cette boîte aura depuis vraiment marqué le commerce électronique.
    Les commentaires/notes de clients c’est elle, l’affiliation c’est elle, les propositions de produits similaires à un achat c’est toujours elle.
    Et je ne parle que de la partie visible de l’iceberg parce qu’après il y a tout l’aspect logistique où pour le coup elle écrase littéralement la concurrence.

    En 4 mots : c’est mon chouchou.

  2. Martin
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    J’ai voulu citer Amazon, mais je trouvais que c’était plus de la grande distribution qu’une firme Internet à proprement parler, même si leur commerce se fait sur le web. Leur profitabilité se ressent, étant très très inférieure à la firme à la pomme ou Google par exemple.

    Mais c’est vrai que le parcours du créateur d’Amazon est assez impressionnant. Cela semble évident maintenant, mais à l’époque, personne ne croyait en son business model, il fallait qu’il maitrise la logistique sur le bout des doigts… surtout avec l’offre d’envoi gratuit même pour des livres à 5 ou 10 euros: il fallait le faire… Je pourrais évoquer Amazon et Netflix par exemple pour leur sens de la logistique.

    Je ne savais pas par contre que l’affiliation venait d’Amazon ou les notes de clients. Personne ne faisait ca avant? Car l’affiliation, c’est vraiment zéro risques pour la firme: au pire si le type vend mal, cela ne coûte rien à Amazon vu qu’il ne gagne rien.

    Bonne soirée

  3. PEL
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    Je n’imaginais pas que Groupon avait devancer Twitter à ce point!! Oui je pense qu’Amazon mérite également sa place dans cette top liste sans oublier le géant Yahoo même si il est en phase de déclin 😉

  4. martin
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    J’ai pensé à Yahoo également, tout comme eBay et Paypal, j’aurai pu inclure également d’autres boîtes mais j’ai d faire un choix, que j’ai limité soit aux boîtes ultra-rentables du web (Yahoo n’est pas ultrarentable, Amazon non plus) soit aux boîtes encore petites (Twitter, Groupon, Facebook) mais au potentiel intéressant.

    Je vais surement rédiger un article sur Amazon et aussi Netflix si ca vous intéresse

  5. Fabrice
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    Pour ce qui est de l’affiliation cela existait très certainement dans le commerce traditionnel, mais Amazon a été le premier à décliner ce business modèle en ligne avec le succès qu’on lui connait.

    Pareil pour les commentaires des clients. Ce n’est ni plus ni moins qu’une reprise du concept du Livre d’Or, sauf qu’Amazon l’a industrialisé sur toutes ses rubriques et ses produits. Et là encore tout le monde l’a copié depuis.

  6. MaxR de Maxadi
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    Liste intéressante. Moi aussi je suis surpris que Twitter ne soit pas mieux classé. Et pour ce qui est de Groupon, en effet son concept est plus que copié. Mais bon, dans la mesure où ils n’ont fait que transposer un concept papier déjà bien rodé sur le net, on ne va pas verser de larmes. 🙂

  7. Martin
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    Fabrice: Comme quoi rien ne s’invente, rien ne se créée, tout se transofmr… Wikipedia –> L’encyclopédie de Diderot. Amazon: faire de neuf avec du vieux…

    MaxR: Twitter ne gagne quasiment rien à part quelques twitts sponsorisés et partenariats. Mais jusqu’à il y a peu, Twitter gagnaient quelques milliers d’euros par an (et mon classement, subjectif se fait sur la base du CA)

    Pour Groupon, je trouve surtout que la marge demandée (50% du prix d’achat) est trop grande: Apple demande 30% sur son iStore, Google garde 30% sur Adsense. Je pense qu’ils devraient se contenter de 30% pour limiter la concurrence…

    PS: Ceci est le 1000ème commentaire du blog (spam y compris)

  8. Fabrice
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    Pour ce qui est de l’avenir de Facebook je partage tout à fait ton point de vue. En tant qu’investisseur je ne mettrai pas un dollar dans cette boîte.

    L’estimation de sa valorisation actuelle me fait penser aux délires du marché en 1999/2000 dès qu’un dotcom pointait le bout de son nez, même si ses 600 millions de comptes ont de quoi impressionner.

    J’attends vraiment de voir ce que Marko va nous sortir de son chapeau pour arriver à générer des dizaines de milliars de CA avec ce réseau social.

  9. martin
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    Take Elite: de nom mais j’avoue que j’ignorais que ca valait autant… J’aurai du en parler… Pour CYworld, je ne connaissais pas, mais j’aurai pu parler de Hi5, Orkut, Baidu… Mais ce ne sont pas les leader sur leur marché… Tu pense que facebook sera appelé à être marginalisé? Il y a des risques, mais aussi des chances que les seniors managers de facebook connaissent ce risque et tentent d’y faire face?

    Et foxconn, c’est une boite de sous traitance d’Apple et autres consorts, pas vraiment Internet. Et je n’ai pas trouvé des masses de données sur eux ils sont assez discrets. Et Samsung est un gros conglomérat, qui fait aussi des voitures, de l’industrie lourde, de chantiers naval, donc certes il font des écrans plats et des téléphones, mais ce n’est pas directement lié à Internet, et ce n’est qu’une petite partie du groupe.

    Fabrice: la valorisation boursiere de facebook est logique. C’est quoi une valeur boursiere? C’est quand le nombre de détenteurs qui trouvent que c’est trop cher = le nombre d’acheteurs potentiels. Vu que facebook n’a que (ordre de grandeur) 10% d’actions disponibles et encore vu qu’ils ne sont pas officiellement côté, le prix du marché n’est pas celui où 50% trouvent que c’est cher/50% pas cher, même si 95% des investisseurs trouvent que c’est trop cher et 5% pas assez, les 5% représentent la moitié des actions disponibles. Ils tirent donc le marché à la hausse alors que si Facebook était disponible à 100%, un ratio 95% trop cher / 5% pas assez cher tirerait mécaniquement le prix à la baisse non?

    Fabrice: ils ont énéré 1,86 milliards de $ en 2010. Ils peuvent tres bien revende les bons profils aux chasseurs de tete (business model de Linkedin et viadeo) mettre en place des plates formes de vente?

  10. Fabrice
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    La piste du B2B est plausible. Je les vois bien aussi aller chasser du côté de chez Ebay.

    Mais je reste quand même sceptique quand à la pérennité de cette marque à 5 ans.
    Tu sais que je suis fan de Papy Warren notamment de l’une de ses règles « Ne jamais acheter une entreprise que vous ne comprenez pas ».

    Je parlais tout à l’heure des délires du marché en 1999/2000. Il faut savoir que même les plus grandes banques marchaient totalement sur la tête à cette époque.
    Et quand je vois comment Goldman Sachs a géré ces dernières semaines l’opération d’investissement privé sur Facebook je dis attention.

    Ce dont je suis certain c’est que l’introduction de ce titre va être le feuilleton boursier 2011-2012.

  11. Martin
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    Oui tu as raison à ce niveau la… Google malgré sa complexité est tres simple à comprendre: faciliter la recherche et l’accès de l’information (pour l’internaute), vendre de la pub ciblée pour les annonceurs. Pour facebook ce n’est pas aussi simple.

    Pour Facebook, tout dépend. le PER historique est de 16. Une valorisation boursière de 60 milliars requière normalement un bénéfice de 4 milliards de dollars. Soit pour une profitabilité de 25%, 16 milliards de dollars de CA, 9 fois le CA de Facebook. Cela signifie que si la valeur boursiere de facebook n’est pas surévaluée, on estime qu’ils peuvent augmenter leur activité par 9. Dur, mais pourquoi pas?

    – Google y a réussi
    – En triplant sur le LT leur nombre d’abonnés, il leur suffit de multiplier par 3 leurs revenus par abonnés. Chasseur de tête, ebay, services financiers, meilleur ROI des annonceurs, voir même un groupon en mieux, tout est possible

    60 milliards en soi ne me semble pas déconnant, avec une croissance de 70% par an, en 4 ans ils génèrent les 4 milliards de bénéfices requis (ou 40% de croissance pendant 7 ans). Mais cela implique aussi des objectifs ambitieux. Si Facebook arrive à capter la majorité de la croissance du web, pourquoi pas. Mais Google et Apple, suivi de près par Microsoft ne vont pas partager le gâteau aussi facilement. Bref, selon moi la bataille ne fait que commencer et il y aura peut-être des morts au champ d’honneurs (faillites, fusions…).

    Après il faut aussi que Facebook s’assure de l’approvisionnement en « matière première » (les membres de facebok) qu’il peut revendre. Ce qui suppose un postulat de base: que les gens restent « amis » de facebook. S’ils sont dégoutés par les problemes de vie privée, ils peuvent facilement partir… De la, 3 chemins possibles: les gens aiment facebook (ego oblige), parfait. Les gens n’aiment pas, mais facebook est si présent (blogs, contacts…) qu’ils y restent faute de mieux. Parfait. Reste la troisième hypothèse: les gens se barrent de facebook, et le web social sera une drôlerie racontée dans les bouquins d’histoire.

    Quand à Goldman sachs, comment on ils bouclé l’opération? Sinon oui ce sera surement un bon feuilleton… Personnellement, je pense que c’est 1/2 à 2/3 de bulle, mais qu’il y a quand meme des fondamentaux, car le marché de l’Internet (ecommerce, pub) est bien plus important qu’il y a 10 ans et surtout Internet n’en est encore qu’à ses balbutiement: 70% de gens pas encore connectés à la toile, revenus web encore à la traine par rapport à la grande distribution et la pub TV, Internet pas encore présent dans les voitures, avions, robots ménagers permettant de commander à distance le chauffage, la maison, le pacemaker…

    La géolocalisation ou la réalité virtuelle n’en sont encore qu’à leurs débuts… Je me plante sans doute, mais je pense que la prochaine décennie changera le visage de l’Internet… Que facebook aie du succes ou pas (beaucoup de monde voient une marginalisation de facebook), de gros poids lourds risquent d’émerger à nouveau…

  12. Fabrice
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    Concernant les opérations de Goldman Sachs vis à vis de FB :

    En résumé la banque a investi avec ses fonds propres mais ce n’est plus autorisé aux USA.
    Ils ont alors décidé de revendre ces actifs sous forme de placements privés.

    Derrière il y a eu un gros buzz autour de cette annonce, à telle point que la demande est devenue totalement délirante (car à la base il s’agit bien d’une opération privée)
    Et pour ne pas se faire tapé les doigts par la SEC Goldman a finalement réservé ces placements à ses investisseurs étrangers.

    Tu imagines bien que l’idée d’empêcher les investisseurs US de participer à une opération financière pour une entreprise US a bien fait chauffer les esprits.
    Sachant que d’autres voix s’élèvent pour dire que ces pré-introductions en bourse sont en train de modifier profondément les règles du jeu du marché public.

  13. Martin
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    C’est ce qu’on appelle prophétie auto-réalisatrice: une banque privée connue pour être une des plus profitable investit dans une société au potentiel important mais incertain et qui est à la mode (Social Network oblige, volonté d’un nouveau Google, patriotisme).

    Les moutons, pardon, actionnaires se disent: Goldman sachs sont pas cons, s’ils investissent, il y a une raison… Du coup, ils investissent, le prix monte et Goldman touchera ses profits… Le prix de facebook s’effondrera par la suite? Pas grave, après moi le déluge…

    Merci à toi pour les explications, fabrice 🙂